USA-Chine : guerre commerciale et monétaire07/08/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/08/2662.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

USA-Chine : guerre commerciale et monétaire

Jeudi 1er août, Trump annonçait l’instauration de 10 % de droits de douane supplémentaires sur 300 milliards d’importations chinoises, à partir de septembre.

Il s’agit d’un pas de plus dans la guerre commerciale que l’administration américaine mène à la Chine. En effet, 250 milliards de dollars de biens chinois étaient déjà taxés à 25 %, c’est maintenant la totalité des importations chinoises qui le seront.

Les dirigeants chinois ont de leur côté pris plusieurs mesures de rétorsion. Ils annonçaient tout d’abord l’arrêt des importations par leurs entreprises publiques des produits agricoles en provenance des États-Unis. D’autre part, en refusant d’intervenir sur les marchés monétaires le 5 août, la banque centrale chinoise a choisi de laisser se déprécier sa monnaie, qui est tombée sous le seuil de sept yuans pour un dollar, le plus bas depuis 2008. Or, une telle dévaluation permet de faire artificiellement baisser le prix des marchandises exportées et vendues dans une autre devise, comme le dollar. Il s’agit donc de la réponse du berger à la bergère.

La guerre commerciale débouchera-t-elle sur une guerre des monnaies ? Selon un financier de la banque ING, « Il semble que les autorités chinoises aient décidé d’utiliser tous les outils à leur disposition et qu’elles aient maintenant placé leur monnaie dans leur arsenal.». Dans cette escalade décidée par Trump, celui-ci dit souhaiter qu’à son tour, le dollar soit déprécié, en particulier grâce à une baisse des taux directeurs de la FED, la banque centrale américaine, encore plus importante que celle, de 0,25 %, décidée la semaine précédente.

Dès l’annonce des mesures protectionnistes de Trump, les bourses mondiales ont commencé à dévisser le 1er août et les jours suivants, perdant plus de 5 %. Cela traduit l’inquiétude et la fébrilité des spéculateurs et des financiers devant une escalade qui peut aboutir au ralentissement, voire au recul, du commerce mondial et à une nouvelle aggravation de la crise.

Car l’économie capitaliste est profondément malade. La production qui constitue l’armature musculaire de toute société étouffe littéralement sous la graisse financière dont le volume ne cesse de croître à son détriment. Les mesures protectionnistes des gouvernements pour tenter de sauver leur propre pays de la crise ne font qu’aggraver la maladie. Les interventions des banques centrales consistent à transfuser, à doses toujours plus massives, des liquidités dans un organisme qui transforme instantanément tout aliment en nouvelle graisse.

À l’opposé, les classes populaires sont toujours plus atteintes par la hausse du chômage, la baisse des salaires et les attaques conjuguées des gouvernements et du patronat. Ainsi, en France, le nombre de chômeurs est passé officiellement de 3,4 millions d’inscrits en 2008 à Pôle emploi à 6,2 millions aujourd’hui. Les ingrédients s’accumulent pour une nouvelle crise, dont personne ne peut dire quel sera le facteur déclenchant : l’explosion d’une bulle spéculative, la montée des rivalités commerciales et du protectionnisme, une guerre des monnaies, ou les surenchères guerrières et militaires au Proche-Orient... Tous ces fléaux se renforcent mutuellement et mènent à une nouvelle catastrophe alors que jamais l’humanité n’a disposé d’autant de possibilités techniques et productives.

L’urgence est d’exproprier le capital et de planifier l’utilisation des ressources en fonction des besoins de l’humanité présente et future. La classe ouvrière en a les moyens. Elle doit, au travers des épreuves à venir, en trouver la conscience.

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