Naval Group – Ruelle : devant les réactions, la direction contrainte d’annuler un licenciement24/07/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/07/2660.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Naval Group – Ruelle : devant les réactions, la direction contrainte d’annuler un licenciement

Mardi 16 juillet, une centaine de travailleurs du site Naval Group de Ruelle, près d’Angoulême, ont débrayé trois quarts d’heure à l’appel des syndicats CGT, CFDT, UNSA et SUD. C’était une réaction d’émotion à la convocation pour un entretien préalable à licenciement d’un technicien en fin de carrière très estimé. La direction lui reprochait un prétendu manque d’efficacité à son poste.

Le lendemain même, mercredi 17, à l’issue d’une rencontre direction-syndicats, la direction reculait : elle annulait purement et simplement la procédure, indiquant que « des éléments nouveaux concernant le salarié et sa situation personnelle nous ont été communiqués ».

Après ce mauvais coup juste avant les congés, et plusieurs jours d’angoisse infligés à ce travailleur, la direction ose affirmer que « le bien-être des salariés reste une préoccupation » et que « Naval Group continuera l’accompagnement des salariés tout au long de leur carrière ».

La réalité, c’est que cette tentative de frapper un travailleur n’est pas un fait isolé. Cela fait des mois que la pression s’accentue : sur les travailleurs anciens en particulier, mais aussi sur l’ensemble des salariés, ouvriers, ingénieurs et techniciens. Au quotidien comme lors des entretiens individuels avec les managers, les exigences et la pression augmentent. Cela se solde par de la fatigue, des conflits, des démissions, des arrêts maladie, des burn-out.

Tel est l’envers du décor dans cette entreprise de construction de navires de guerre, au moment où se déroulait le 12 juillet la mise en scène de l’inauguration du sous-marin Suffren à Cherbourg par Macron, la ministre Parly et le maire de la ville, Cazeneuve. Ce sous-marin de type Barracuda, construit dans le cadre d’un plan au coût abyssal de neuf milliards d’euros, fait l’objet d’un énorme contrat de vente pour douze exemplaires destinés à l’Australie.

Le marché de l’armement et de la destruction se porte bien, les actionnaires se frottent les mains. Mais ces navires de guerre, il faut les concevoir, les construire, les entretenir, et pour les travailleurs, cela se traduit par une charge de travail qui s’alourdit.

Cela se fait en embauchant au minimum, et donc en aggravant les contraintes, les exigences, en clair l’exploitation des salariés de Naval Group. Cela se fait aussi en recourant massivement à des entreprises sous-traitantes où les rémunérations et les conditions de travail sont dégradées.

La direction de Naval Group Ruelle pensait se débarrasser sans problème d’un travailleur ancien dans l’entreprise. Mais elle a dû reculer devant la réaction des travailleurs, qui ont senti qu’il ne fallait pas laisser passer l’agression patronale.

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