Homéopathie : sucre, emplois et bénéfices...

17 Juillet 2019

Au 1er janvier 2020, le remboursement des médicaments homéopathiques passera de 30 % à 15 %, puis sera complètement supprimé en janvier 2021. Les premiers qui paieront les conséquences de ce choix sont ceux qui se soignent, ou plus exactement qui pensent se soigner, avec ces produits.

Ce n’est pas le problème du gouvernement car, pour lui, la santé est un marché où il joue le rôle d’arbitre dans la guerre commerciale que se livrent tous les trusts pharmaceutiques avec la vie et la santé des malades.

Ce déremboursement soulève un tollé du laboratoire Boiron, leader mondial de l’homéopathie, qui met hypocritement en avant l’avenir de ses salariés, regrette que les patients payent de leur poche mais se soucie avant tout de ses profits. Grâce à ses pilules, le chiffre d’affaires du laboratoire atteint les 600 millions d’euros, et la famille Boiron est entrée au palmarès des grosses fortunes avec 465 millions d’euros, d’après le magazine Challenges. Cette fortune accumulée permettrait largement à Boiron de conserver tous les emplois et de financer sans subvention la reconversion de ses laboratoires pour produire des médicaments dont l’efficacité est réelle.

Ce n’est pas le cas de l’homéopathie, dont le principe est d’opérer une dilution extrême d’une solution, avec pour conséquence qu’il n’y a plus aucun principe actif dans les pilules vendues. Le laboratoire prétexte qu’agiter très fort la solution initiale, ce qu’il appelle « dynamiser l’empreinte » qui serait laissée par les molécules, donnerait son activité au produit ! Toutes les études faites sur l’homéopathie montrent, bien évidemment, qu’elle n’est pas plus active qu’un placebo. Certes, le prix du tube de granules avoisine les 2 à 3 euros, ce qui n’est pas très cher pour un médicament disent ses défenseurs. Mais cela représente tout de même mille euros le kilo... de sucre, principal constituant de ces pilules ! Avec l’homéopathie, au mieux les malades guérissent grâce à leurs défenses naturelles, au pire leur état s’aggrave et ils doivent avoir recours à une médecine plus efficace.

Mais si la Haute Autorité de Santé et le gouvernement dans la foulée ont décidé de dérembourser l’homéopathie, c’est essentiellement pour des raisons d’économies (126,9 millions d’euros), comme ils l’ont fait pour des médicaments bien plus utiles, et vont malheureusement continuer à le faire au détriment de l’accès aux soins des plus pauvres. Alors s’il est temps que les laboratoires qui ont fait fortune avec l’homéopathie cessent de bénéficier de la caution d’un remboursement par la Sécurité sociale, il serait surtout nécessaire d’empêcher tous les laboratoires pharmaceutiques de s’enrichir sur la maladie et la détresse des populations. Il faudrait que ces grands groupes soient expropriés, que leurs profits soient confisqués pour permettre la mise en place d’un système de santé totalement gratuit pour tous.

C. N.