Droit à l’IVG : toujours à défendre17/07/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/07/2659.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Droit à l’IVG : toujours à défendre

Quarante-quatre ans après sa dépénalisation, le droit à l’avortement est toujours un combat. Dimanche 14 juillet, 50 députés de gauche ont signé une tribune dans laquelle ils proposent une loi constitutionnelle visant à ce que « nul ne puisse entraver le droit fondamental à l’interruption volontaire de grossesse ».

Ces députés relèvent que sur les quinze dernières années, 130 centres d’IVG ont fermé. Déjà en 2013, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes alertait sur des chiffres similaires. Le quinquennat de François Hollande ne les avait pas modifiés.

Aujourd’hui, dans tous les services hospitaliers, le manque de personnel s’aggrave et cela touche aussi les centres d’IVG. Dans certains départements de province et en grande couronne de la région parisienne, des centres doivent réduire leur activité ou fermer faute de personnel. Les délais de réception sont allongés, cela peut amener des femmes à se déplacer très loin de leur domicile pour trouver un service qui puisse les recevoir, et parfois elles se retrouvent hors des délais légaux. Cela touche en particulier les très jeunes femmes et les femmes immigrées pour qui toutes ces démarches sont encore plus compliquées.

Le 7 juin, le Sénat a voté un amendement à la loi pour allonger les délais légaux de recours à une IVG de 12 à 14 semaines. En effet, chaque année, entre 3 000 et 5 000 femmes sont obligées d’aller à l’étranger pour procéder à un avortement dit hors délai. C’est une injustice, car cela écarte certaines femmes, qui n’ont pas les moyens financiers ou sociaux, de partir loin. Mais que signifie rallonger les délais légaux si les moyens reculent ?

Et puis, le 11 juin, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, demandait un retour en arrière, exigeait un nouveau vote, et l’amendement était cette fois rejeté ! S’ajoute à toutes ces difficultés la clause de conscience incluse dans la loi. Les médecins peuvent refuser de pratiquer une IVG, même si c’est une IVG médicamenteuse, et même s’ils sont en milieu hospitalier. Les sénateurs n’ont pas voulu retirer cette clause, alors que le Planning familial et d’autres associations féministes le demandent depuis plusieurs années.

Ce droit à l’IVG est en réalité sans cesse remis en question, par le manque de structures d’accueil, les délais trop courts et les reculs de la société qui renforcent tous ceux qui contestent aux femmes le droit de disposer de leur corps.

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