Marseille : la canicule sans piscines03/07/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/07/2657.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Marseille : la canicule sans piscines

À Marseille, en dix ans, le nombre des piscines municipales en service a chuté de 22 à 12. La plupart ont fermé définitivement, d’autres connaissent des travaux qui durent.

Mais le manque criant de piscines toute l’année devient véritablement catastrophique avec l’été, puisque cinq piscines seulement restent ouvertes au public, dans une ville de 860 000 habitants.

Parmi ces cinq piscines, celle de la Pointe-Rouge, qui ne fonctionne que l’été, car en plein air, venait d’ouvrir le 17 juin quand elle a dû fermer plusieurs jours suite à une pollution de l’eau, à partir du 24 juin, au début de la semaine caniculaire ! L’adjoint municipal aux sports a prétendu qu’une « personne dégueulasse s’était baignée sans prendre de douche ». Un spécialiste des maladies infectieuses lui a répondu vertement que la cause de cette pollution microbiologique ne pouvait être qu’une eau insuffisamment traitée au départ, car le chlore des piscines est normalement suffisant pour empêcher la prolifération des staphylocoques naturellement présents dans une partie de la population.

Des installations vieillissantes et mal entretenues, une salubrité de l’eau laissant à désirer, un manque chronique de personnel d’accueil ou de maîtres-nageurs, c’est toujours le même scénario qui a conduit au fil des ans la mairie à fermer près de la moitié des piscines existantes : d’abord des fermetures provisoires à répétition pour travaux, puis un abandon définitif. Celles qui restent sont vétustes, plusieurs datant de 1975, lorsque l’État avait lancé le programme de construction industrielle des piscines dites Tournesol.

Alors que le ministère de l’Éducation nationale préconise un minimum de trente leçons pour apprendre à nager, et cela pour tous les enfants dès 6 ou 7 ans, de plus en plus d’écoles élémentaires ne disposent pas de créneaux horaires suffisants dans les piscines municipales. Au bout du compte, un écolier sur deux ne sait pas nager lorsqu’il entre en 6e, jusqu’à deux sur trois dans les quartiers populaires, un comble pour une ville située au bord de la mer !

Pour pallier l’incurie des pouvoirs publics, les associations sportives prennent le relais, grâce au programme J’apprends à nager. Ce dispositif national permet aux enfants de 6 à 12 ans, issus des quartiers prioritaires de la politique de la Ville, de bénéficier de dix séances de natation gratuites pendant les vacances scolaires, été compris. Mais les familles doivent payer la licence de 15 euros, ce qui reste cher pour un ménage modeste qui compte plusieurs enfants. En outre, plusieurs piscines étant réservées à ce programme pendant les mois d’été, il y en a d’autant moins de disponibles pour les adolescents et les adultes qui veulent se rafraîchir.

Dans les quartiers populaires, nombreux sont ceux qui ne partent pas en vacances. Et aller à la mer n’est pas si facile, quand on habite une cité mal desservie par les transports en commun. Ce serait bien la moindre des choses de pouvoir accéder facilement à une piscine municipale, sûre et bon marché, dans une région riche, où les piscines individuelles ne manquent pas.

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