Fonction territoriale : le travail, ce n’est pas la santé !03/07/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/07/2657.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fonction territoriale : le travail, ce n’est pas la santé !

Les médias ont relayé une enquête de l’assureur Sofaxis, qui constate la chute du nombre d’arrêts maladie courts chez les fonctionnaires territoriaux depuis le rétablissement du jour de carence.

La lutte contre le prétendu absentéisme des agents territoriaux est le grand dada de bon nombre de municipalités, et le gouvernement Philippe, pétri des mêmes préjugés, leur avait présenté le rétablissement du jour de carence, début 2018, comme un bon moyen de diminuer le nombre d’arrêts maladie et de faire des économies.

La fréquence des arrêts maladie de courte durée a effectivement baissé de près de 20 % entre 2017 et 2018. La raison en est simple : quand on a un petit salaire, comme c’est le cas de bien des agents territoriaux, un jour de moins sur la paie, c’est un problème. Alors on va travailler, même quand on est malade ; on ne s’arrête pas pour souffler un peu, même quand on en a besoin.

La même enquête montre en revanche une hausse importante des arrêts maladie longs, et en particulier de ceux de plus de quinze jours (+ 28 %). Rien d’étonnant là non plus.

Bien des agents territoriaux subissent une importante dégradation de leurs conditions de travail depuis plusieurs années : allongement du temps de travail, du nombre de jours travaillés dans l’année, agents déplacés comme des pions au gré des besoins.

Cette exploitation accrue se cumule avec les effets du recul de l’âge de départ en retraite. Les travailleurs relativement âgés sont de plus en plus nombreux dans les services. Usés par le travail ou sujets à des maladies chroniques, ils sont les plus concernés par les arrêts maladie de longue durée.

Que les municipalités manient la carotte ou le bâton, cela ne change rien à la situation. À Argenteuil par exemple, le maire a introduit début 2018 une prime d’assiduité, comme il l’a appelée, de 500 euros : elle est amputée de 25 % à chaque jour d’absence, que ce soit pour maladie ou pour accident de travail, et bien sûr pour fait de grève. Il en attendait beaucoup, mais il est obligé de reconnaître aujourd’hui que cette prime n’a pas modifié le taux d’absence des agents territoriaux employés par la mairie.

Sofaxis conclut son enquête en insistant sur « l’importance de la mise en œuvre de politiques de prévention et d’actions sur la qualité de vie au travail ». Certes mais, dans la fonction publique territoriale comme dans tous les secteurs, publics ou privés, le quotidien des travailleurs, c’est la dégradation de la qualité de vie au travail.

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