Leur société

Crit’Air : une mesure antipauvres

À partir du 1er juillet, certaines catégories de voitures, parmi les plus vieilles, n’ont plus le droit de circuler à l’intérieur de Paris, du lundi au vendredi entre 8 h et 20 h. Ce sont celles qui ont la vignette Crit’Air 4 et Crit’Air 5.

Sont concernés tous les véhicules essence d’avant 1997 et diesel d’avant 2006, ainsi que les deux roues d’avant 2000. Sur les 7,9 millions de voitures qui roulent en Île-de-France, 2,8 millions de véhicules n’auront plus le droit au 1er juillet 2019 de rouler en journée dans Paris intra-muros, soit un tiers du parc francilien. Autrement dit, les automobilistes les moins riches de la région parisienne ne pourront quasiment plus utiliser leur véhicule à Paris, en particulier pour aller au travail. Cette mesure, présentée comme écologiste, est surtout antipauvres.

À la même date, la Métropole du Grand Paris (MGP) a pris une mesure similaire concernant les véhicules affichant la vignette Crit’Air 5. Là, le périmètre proscrit est celui de la rocade A86, englobant 47 communes de la proche banlieue.

D’autres villes et agglomérations ont pris ou vont prendre des mesures similaires, et interdisent aux plus vieilles voitures de circuler en permanence, dans tout ou partie de la ville, comme Grenoble, Lille, Strasbourg et Lyon, ou ponctuellement, pendant les périodes de forte pollution, comme Marseille.

Pour tous les concernés, c’est la double peine. Non seulement ils ne pourront plus circuler dans certaines zones, dans certaines villes, mais leur véhicule ne vaudra plus rien à la revente.

Et ce n’est pas la prime gouvernementale à la conversion qui modifie le problème. Cette prime – 5 000 euros maximum, pouvant être doublée dans certains rares cas – profite essentiellement à ceux qui ont les moyens de s’acheter un véhicule remplissant les critères de cette prime, c’est-à-dire l’achat d’un véhicule électrique ou ayant la vignette Crit’air 1 ou 2.

Après avoir fermé les yeux, pendant des dizaines d’années, sur les choix catastrophiques de l’industrie automobile en matière de pollution, les responsables gouvernementaux font payer la note à ceux qui n’ont pas la possibilité de se passer d’une voiture, en particulier pour aller travailler, ni les moyens d’en changer.

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