Dans le monde

Trump aux Palestiniens : une poignée de dollars et beaucoup de mépris

À l’initiative des États-Unis, une conférence s’est ouverte mardi 25 juin à Manama, capitale du royaume de Bahreïn. Pompeusement intitulée De la paix à la prospérité, elle est censée discuter d’un plan d’aide économique aux Palestiniens.

Depuis son élection, ­Trump n’a cessé de multiplier les gestes de soutien au gouvernement de Netanyahou, le plus à droite qu’ait connu Israël, et à sa politique de colonisation. Parmi les gestes les plus spectaculaires, il a déplacé l’ambassade américaine à Jérusalem, reconnaissant ainsi officiellement l’annexion de cette ville par l’État israélien.

Malgré tout, pour ne pas être en reste vis-à-vis de ses prédécesseurs, et afin de montrer qu’il assume son rôle de dirigeant de la première puissance en charge du maintien de l’ordre du monde, Trump se targuait d’avoir un plan pour régler le conflit israélo-palestinien. Cette conférence, qui est censée en constituer le volet économique, montre en quoi ce plan consiste : offrir une poignée de dollars aux Palestiniens en échange de leur renoncement à revendiquer le droit à disposer de leur propre État. Une politique qui est bien digne de la mentalité d’un homme d’affaires persuadé que tout peut s’acheter.

L’administration américaine a évoqué l’objectif de lever plus de 50 milliards de dollars en dix ans pour financer des projets d’infrastructures, pour l’éducation, le tourisme et le commerce. Ces fonds seront-ils réunis ? Rien n’est moins sûr. D’autant que certains organismes hésitent à financer des équipements que l’armée israélienne peut détruire à tout moment, comme elle l’a fait à plusieurs reprises à Gaza.

L’administration américaine a pu trouver, parmi ses alliés arabes les plus proches, des États pour se faire les complices de cette opération politique, comme l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Égypte et la Jordanie, qui ont envoyé une délégation.

Mais les Palestiniens, qui sont tout de même les principaux intéressés, ont déclaré qu’ils ne participeraient pas à cette conférence. « Commencez par arrêter le vol par Israël de notre terre, de nos ressources et de notre argent, donnez-nous la liberté de mouvement et le contrôle sur nos frontières », a déclaré à juste titre une conseillère du président de l’Autorité palestinienne.

Il faut tout le cynisme de Trump pour oser parler de développement économique quelques mois après avoir pris des mesures qui vont aggraver dramatiquement les conditions de vie des populations palestiniennes, comme la réduction de plus de 500 millions de dollars des aides aux Palestiniens et l’arrêt du financement de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).

Rien ne peut sortir de cette conférence. Tant que l’État israélien continuera de bafouer les droits des Palestiniens et de les réprimer, aucune paix ne sera possible dans la région. Et pour ce qui est de la prospérité, l’impérialisme est bien incapable de l’apporter à quelque peuple que ce soit.

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