Ménage dans les hôtels : Schiappa défend les patrons, pas les travailleuses26/06/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/06/2656.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Ménage dans les hôtels : Schiappa défend les patrons, pas les travailleuses

Lundi 24 juin, la secrétaire d’État chargée de l’Égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, a présenté dans les colonnes du Parisien un prétendu plan d’action pour défendre les travailleuses qui font le ménage des hôtels. Schiappa voudrait passer pour la grande protectrice de ces femmes au travail précaire, dites invisibles, pour reprendre ses termes.

Justement, invisibles, les femmes de ménage ne le sont pas, puisqu’elles luttent et font grève. C’est bien ce qui dérange la ministre, qui veut bien paraître défendre la veuve et l’orpheline, mais pas céder à des combattantes.

La ministre évoque le fait que nombre de ces travailleuses, parce qu’elles ont des horaires décalés, ne « trouvent personne et leurs enfants restent parfois seuls, ce qui n’est pas une solution ». Mais ce n’est pas pour imposer au patronat d’augmenter les salaires, afin que chacun ait les moyens de faire garder les enfants. Or les trois quarts des 519 000 travailleurs du secteur sont des femmes, très souvent à temps partiel, dont 66 % gagnent moins de 900 euros par mois.

Schiappa ne veut pas non plus interdire les horaires de nuit pour les femmes, mais seulement les plaindre sans frais. Derrière son ton misérabiliste, se cache la volonté d’aider le patronat du secteur. Marlène Schiappa propose d’ouvrir des discussions entre partenaires sociaux , mais surtout avec les entreprises sous-traitantes pour qu’elles déterminent comment jeter de la poudre aux yeux sur les conditions de travail dans le secteur, plutôt que d’être obligées de discuter avec des grévistes.

En effet des grèves se déroulent en ce moment même. Onze salariées d’un hôtel de luxe, le NH Collection à Marseille, sont en grève depuis plus de 70 jours contre la reprise de leur travail par le sous-traitant Elior, groupe multimilliardaire du secteur, qui leur ferait perdre 100 euros sur des paies de 900 euros. Pour se faire entendre, elles n’ont pas attendu la ministre, et elles savent se défendre contre les interventions musclées de la police envoyée par le gouvernement auquel appartient Schiappa.

Une partie des salariés du ménage des hôtels Campanile et Première classe du pont de Suresnes ont fait grève un mois contre la dégradation des conditions de travail. « On nous a interdit d’aller aux toilettes des chambres dont on s’occupe, même lorsqu’elles sont vides... On doit désormais aller aux toilettes du personnel, au niveau moins un. On doit aussi rendre des comptes à notre supérieur si on passe trop de temps aux toilettes », expliquent certaines. Ces travailleuses n’en sont pas à leur coup d’essai puisqu’en 2012 elles avaient obtenu par la lutte leur titularisation au sein du groupe.

À l’automne 2018, des salariées du ménage de l’hôtel Park Hyatt Vendôme à Paris ont fait 87 jours de grève. Elles ont gagné sur certaines revendications, même si elles n’ont pas obtenu d’être embauchées directement par l’hôtel, et non par la société sous-traitante. Mais, là encore, elles ont dû affronter des interventions violentes de la police gouvernementale.

Ces travailleurs n’ont que des coups à attendre du gouvernement, même quand ils sont enrobés par des discours sur l’égalité entre femmes et hommes. En se battant elles-mêmes, elles font mille fois plus pour leur émancipation.

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