Mélenchon : “Le mouvement, c’est moi”, mais pour aller où ?26/06/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/06/2656.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Mélenchon : “Le mouvement, c’est moi”, mais pour aller où ?

Les 22 et 23 juin, la France insoumise (LFI) organisait son assemblée représentative dans le bois de Vincennes, en présence des cadres de l’organisation et de militants tirés au sort.

Cette réunion était la première depuis les élections européennes, où la liste conduite par Manon Aubry a obtenu 6,3 % des voix. Pour un mouvement qui avait obtenu plus de 19 % de voix au premier tour de l’élection présidentielle de 2017 et qui espérait se poser en principal opposant à Macron, le résultat était forcément décevant.

Dès le lendemain de ce scrutin, des voix se sont élevées au sein du mouvement de Mélenchon pour critiquer la campagne menée, jugée par Clémentine Autain insuffisamment ancrée à gauche, la place prise par son leader, le manque de démocratie… Depuis, LFI est secouée par une crise, avec le départ de certains responsables comme Charlotte Girard, réputée notamment pour avoir contribué à la rédaction du programme.

À l’occasion de son discours de clôture, dimanche 23 juin, Jean-Luc Mélenchon a répondu clairement à ceux qui le mettaient en cause : « Mon rôle est consubstantiel au mouvement. » C’était dire, dans un langage moins théologique et plus clair : « Le mouvement, c’est moi ! », « C’est moi qui étais candidat à la présidentielle », a-t-il ajouté, laissant clairement entendre par la même occasion qu’il en serait de même en 2022. La seule petite concession a été : « Ce n’est plus moi qui ouvrirai toutes les réunions. » Quant à ses détracteurs, ce sont, selon Mélenchon, des nombrilistes, adeptes des « délices des batailles pour les virgules ». Fin de la discussion.

Ceux qui aujourd’hui critiquent publiquement ce régime intérieur de la France insoumise font semblant d’oublier qu’il en est ainsi depuis sa création en 2016. La critique des partis traditionnels a fourni l’habillage idéologique pour la mise en place d’un mouvement construit « à la bonne franquette », « de type gazeux » selon ses propres termes, où la seule chose qui soit claire est que Mélenchon et ses proches décident de tout. Son programme se résume à une bouillie concoctée avec une pincée de justice sociale, une cuillérée d’écologie et de nombreuses grosses louches de nationalisme cocardier aux accents nettement antiallemands. Au fond, le seul objectif clair qui en ressort est de faire élire Mélenchon à la présidence de la République.

La France insoumise ressemble en cela aux partis traditionnels, qui se réduisent à des machines électorales destinées à permettre à leurs dirigeants de réaliser leurs ambitions au sein du système politique de la bourgeoisie. Si le projet Mélenchon se dégonfle, le problème n’est pas d’en reconstruire un autre du même type, à partir d’une autre recomposition et d’autres regroupements à gauche, qui aboutiraient encore à mettre les travailleurs à la remorque d’un politicien bourgeois à la Mélenchon. Les travailleurs ont besoin de mener le combat contre la bourgeoisie, son système et ses institutions, et pour cela d’un parti communiste révolutionnaire.

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