Dans le monde

Italie : la surenchère de Salvini contre les migrants

« L’Union européenne veut résoudre le problème Sea-Watch ? C’est facile. Le bateau est hollandais, l’ONG allemande : une moitié de migrants à Amsterdam, l’autre moitié à Berlin et confiscation du bateau pirate. Point. » Avec ce tweet provocant, Salvini, le ministre de l’Intérieur d’extrême droite, a justifié son choix d’interdire l’entrée des eaux territoriales italiennes au Sea-Watch 3.

Depuis le 12 juin en effet, le navire de l’ONG du même nom tourne au large de Lampedusa, avec à son bord 42 des 53 migrants recueillis sur un canot pneumatique parti de Libye. Si onze de ces migrants, dont des femmes enceintes et un homme malade, ont finalement été autorisés à débarquer au bout de trois jours, les conditions de vie sur le navire se font de plus en plus difficiles pour les réfugiés restants et l’équipage du Sea-Watch 3. Peu importe à Salvini, qui multiplie les insanités contre les militants humanitaires et les migrants. Les premiers seraient « des pirates », « des délinquants complices des passeurs », « des criminels irresponsables », tandis que les seconds sont, au mieux, traités de pauvres diables crédules, au pire de « profiteurs recherchant la belle vie ».

Auréolé de la victoire de son parti, La Ligue, aux élections européennes, Salvini s’est empressé de faire passer son décret-sécurité 2 le 14 juin. Après l’interdiction d’accoster dans les ports italiens, il interdit désormais aux bateaux des ONG de stationner dans les eaux territoriales et les menace d’une amende de 3 500 à 5 500 euros par migrant qui serait débarqué en Italie.

Salvini joue des muscles et multiplie les attaques contre les migrants et leurs soutiens, au nom des intérêts et de la sécurité de la population italienne. Et ce ne sont pas les déclarations humanitaires des dirigeants de l’Union européenne qui peuvent le gêner, étant donné le silence embarrassé de nombreux pays membres, qui abandonnent aux pays du sud de l’Europe le soin de gérer l’arrivée des migrants. Il n’est que trop facile pour Salvini de souligner cette hypocrisie.

Sa politique ne part pas de rien en Italie même. Si aujourd’hui des dirigeants du PD, le parti de centre-gauche, s’indignent du traitement infligé aux migrants, c’est Marco Minitti, le ministre de l’Intérieur du gouvernement de centre-gauche de Renzi, qui avait initié en son temps la campagne contre les ONG accusées de complicité avec les passeurs et qui avait mis en place des accords permettant de parquer les migrants dans des camps libyens.

Salvini rajoute aujourd’hui une couche de mesures indignes. Leur conséquence directe tient dans le recensement macabre effectué par l’Organisation internationale pour les migrations : depuis le début de l’année, 555 personnes ont perdu la vie en tentant la traversée de la Méditerranée, soit plus de trois morts par jour.

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