Iran-États-Unis : le gros bâton américain26/06/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/06/2656.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Iran-États-Unis : le gros bâton américain

Pas un jour ne passe sans que Trump ne profère une menace supplémentaire à l’encontre de l’Iran.

Après la politique d’embargo, entraînant des privations, du chômage et une hausse des prix galopante qui affament la population pauvre, Trump est passé aux menaces militaires par l’envoi de troupes et d’une flotte de guerre pour renforcer l’armada déjà présente dans la région.

Suite à la destruction d’un drone américain dans l’espace aérien iranien le 20 juin, Trump a encore franchi un palier en mettant en scène une comédie odieuse. Il a déclaré avoir stoppé une attaque aérienne américaine, éprouvant des scrupules dix minutes avant des bombardements qui auraient pu, selon ses dires, coûter la vie à 150 Iraniens. Et de se présenter quasiment en sauveur et en humaniste ! Enfin, le 24 juin, après avoir évoqué pendant 48 heures de possibles discussions, le président américain a resserré l’embargo, gelé les avoirs à l’étranger de certains dignitaires iraniens et livré le fond de sa pensée : l’Iran doit se soumettre aux diktats de l’empire américain, son régime doit plier le genou ou se démettre, faute de quoi le pays sera ravagé par la faim d’abord, par le feu si nécessaire.

Le président américain se donne à peine le mal d’inventer de pauvres justifications politiques à cette escalade. Qui saura jamais d’où venaient les tirs, attribués par Trump aux Iraniens, qui ont endommagé des pétroliers dans le détroit d’Ormuz, à deux reprises, en mai puis en juin ? Au-delà, qui pourrait croire que l’armée américaine, soutien indéfectible de toutes les dictatures au monde, à commencer par celle qui règne en Arabie saoudite, combat pour la liberté du peuple iranien ? De plus, trente ans de dictature des mollahs à Téhéran n’ont sans doute pas suffi à faire oublier la terreur instaurée par le régime précédent, celui du chah, grand ami et allié stipendié des États-Unis.

Les déclarations fracassantes de Trump, sa pose permanente, son souci évident de se mettre en scène en vue de sa réélection, ne doivent pas masquer l’essentiel : quel que soit le président au pouvoir, l’État américain reste le gendarme du monde, qui se charge de faire respecter l’ordre impérialiste. Pour ce faire, l’État américain a, comme ses prédécesseurs et alliés français et britannique, envahi, bombardé, occupé nombre de pays et soutenu les régimes les plus sanglants sur tous les continents.

Depuis longtemps l’aviation américaine, suivie de celles de ses alliés, de la France à l’Arabie saoudite en passant par la Grande-Bretagne et Israël, s’est arrogé le droit de frapper où et qui elle veut, sans avoir à rendre de comptes à qui que ce soit, sans même encourir de reproche, ou à peine, de son opinion publique. Aujourd’hui encore, les États-Unis veulent que les peuples montrant tant soit peu d’indépendance rentrent dans le rang, du Venezuela à Cuba en passant par l’Iran. Et on voit dans les ruines en Irak, dans les villes éventrées de Syrie, dans les camps de réfugiés du monde entier, ce que peut signifier la paix américaine.

Cette multiplication des conflits et des interventions impérialistes est aussi une conséquence de la crise économique. Ainsi ont augmenté le nombre et la gravité des foyers de cette guerre permanente qui accompagne depuis toujours l’exploitation du travail, au risque de transformer une série de guerres locales en une guerre générale. Dans cette situation, le gros bâton américain, son budget militaire faramineux, ses flottes écrasantes, son réseau de satellites, semblent invincibles. Ce serait oublier que les crises et les guerres peuvent aussi être grosses de révolutions, dans les métropoles comme dans les pays opprimés.

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