Leur société

Chasse aux migrants : la police vous parle !

Le ministère de l’Intérieur s’est payé une publicité dans le quotidien régional La Voix du Nord pour relayer la politique gouvernementale de chasse aux migrants. Le titre se veut généreux : il s’agit de « sauver des vies ». Mais c’est en fait un appel à la délation.

Le ministère incite les habitants à signaler à la police tout indice révélant la préparation d’une tentative de traversée de la Manche sur une embarcation. En effet, depuis que les contrôles et les barrières se sont renforcés pour empêcher les migrants de monter dans les camions pour gagner l’Angleterre, ils sont de plus en plus nombreux à courir le risque de prendre la mer pour tenter le passage. Si un certain nombre parviennent à passer, d’autres se retrouvent en état d’hypothermie et finissent par lancer des appels de détresse, auxquels répondent les sauveteurs en mer ; et certains réfugiés sont morts.

Dans cette page, le ministère de l’Intérieur fait mine de s’adresser à la conscience de chacun et se pose en défenseur d’une cause humanitaire contre « le trafic d’êtres humains », dont sont responsables les réseaux de passeurs. Mais les passeurs n’existeraient pas si le droit de circulation et d’installation était reconnu à tout être humain. Alors, si l’État français, par la voix de son ministre, accuse les passeurs, c’est pour mieux masquer sa propre responsabilité.

Car c’est bien lui qui refuse d’accueillir dignement les migrants, qui dirige la traque quotidienne contre eux, qui criminalise ceux qui les aident. Il se garde bien aussi d’expliquer que la situation dramatique des pays pauvres dont viennent les réfugiés est due aux ravages perpétrés par les grandes puissances, et en particulier par l’impérialisme français : il pille leurs richesses, y sème le chaos par ses interventions militaires, soutient et fait des affaires avec les gouvernements les plus sanglants, pas gêné de leur vendre des armes.

Il est vrai que « traverser la Manche dans des embarcations non adaptées, c’est périlleux ». Mais être renvoyé dans son pays, à ses tortionnaires, sous les bombes ou dans la misère, n’est-ce pas périlleux ? Et devoir survivre ici dans des conditions insalubres et dans le dénuement, n’est-ce pas également périlleux ?

Cette page de propagande du gouvernement français ne fait qu’ajouter l’hypocrisie à l’ignominie.

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