Électricité : une hausse scandaleuse05/06/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/06/LO2653.jpg.445x577_q85_box-0%2C23%2C483%2C649_crop_detail.jpg

Leur société

Électricité : une hausse scandaleuse

Les tarifs de l’électricité ont augmenté de 5,9 % le 1er juin et une autre hausse, de l’ordre de 1 %, est prévue en août. C’est révoltant et, si la décision est due en partie à EDF, elle est surtout encouragée par le gouvernement.

Celui-ci se cache derrière la Commission de régulation de l’énergie (CRE), autorité prétendument indépendante, qui a recommandé cette hausse. Mais les sept membres de la CRE sont nommés par décret du gouvernement, par les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, et deux d’entre eux, censés représenter les consommateurs, sont nommés aussi par décret. En matière d’indépendance, on fait mieux.

« La qualité de notre système électrique fait qu’on était obligé de faire cela », a déclaré le président de la CRE. Pure affabulation. Quant à de Rugy, le ministre de l’Écologie, il prétend que « les coûts de production de l’électricité en France ont dérivé depuis des années » en incriminant les « dérives sur le parc électronucléaire français. » Il s’en prend également au tarif préférentiel dont bénéficient les salariés d’EDF.

Il est parfaitement exact que le coût de l’EPR de Flamanville, toujours en construction, avec des malfaçons diverses, a crevé les plafonds, atteignant les 12 milliards d’euros environ. Mais ce que le ministre ne dit pas, c’est que les subventions aux éoliennes et aux panneaux solaires dépassent, selon la CRE, les 5 milliards d’euros par an. Autrement dit, on fait ainsi payer aux usagers d’EDF les frais de la transition énergétique et les profits des fabricants. Ce montant augmente rapidement d’année en année. Voilà donc une dérive passée sous silence.

L’association de consommateurs CLCV ainsi que Que choisir ? doivent saisir le Conseil d’État pour faire annuler la prochaine hausse qui, selon un dirigeant, « n’est pas justifiée, parce que les coûts d’EDF n’augmentent que de 3 %, or la hausse totale est de 6 % (…). C’est simplement pour les opérateurs alternatifs (…), pour que la concurrence puisse continuer de survivre ». C’est exact, à cela près que même les 3 % pour EDF sont contestables.

De plus, l’Autorité de la concurrence, dont les membres sont également nommés par décret, mais qui ne défendent pas les mêmes points de vue que la CRE, ont protesté contre la prochaine hausse.

Invoquer la concurrence pour justifier la hausse est plutôt étrange. Les défenseurs de la concurrence arguent que celle-ci favorise les plus performants et fait baisser les prix. Mais là, c’est exactement l’inverse : au nom de la prétendue libre concurrence, les tarifs sont maintenus plus haut, pour que les distributeurs concurrents d’EDF continuent à rester sur le marché, au détriment des consommateurs. Ajoutons que les taxes diverses représentent plus d’un tiers du montant des factures d’EDF.

Quant au tarif préférentiel pour les agents d’EDF, instauré au lendemain de la guerre, il compensait la faiblesse des salaires. C’est un avantage maison, comme il y en a dans d’autres entreprises. S’il fallait le supprimer, il faudrait le compenser par une hausse générale des salaires. Mais de Rugy, qui dans le fond se moque bien de l’écologie, préfère stigmatiser le personnel pour tenter de justifier la hausse.

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