Italie : du PD au M5S et à la Ligue de Salvini28/05/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/05/2652.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Elections européennes

Italie : du PD au M5S et à la Ligue de Salvini

Avec 34,26 % des voix, la Ligue, le parti d’extrême droite de Matteo Salvini, a réussi son pari de devenir le premier parti d’Italie, supplantant le Mouvement 5 étoiles (M5S), auquel elle est associée au gouvernement depuis un an.

Le M5S, sorti en tête des élections législatives de 2018 avec 32,7 % des voix, chute à 17,06 % et se retrouve en troisième position, derrière le Parti démocrate de centre-gauche.

Salvini avait annoncé la couleur à peine le gouvernement de coalition formé : il s’emploierait à ce que son parti prenne l’avantage sur le Mouvement 5 étoiles et ferait des européennes une approbation de sa politique par les électeurs. Depuis un an, sous le slogan « Les Italiens d’abord », il a multiplié les propos outranciers, les tweets et les vidéos facebook sur des thèmes xénophobes et antimigrants. Il a occupé le devant de la scène, en particulier pendant les premiers mois de gouvernement, en faisant passer son décret sécurité qui aggrave la situation des migrants et restreint leurs droits. Désignant les migrants comme responsables de l’aggravation de la situation des classes populaires, Salvini a cultivé à peu de frais l’image d’un ministre agissant, sans langue de bois. Cela a conforté son électorat traditionnel, mais cela a aussi rencontré l’approbation d’une partie des classes populaires et des travailleurs, désorientés et sans perspectives.

Le M5S n’est pas sans responsabilités dans cette progression inquiétante de l’extrême droite. Fondé par l’ex-comique Beppe Grillo sur la base de la dénonciation de la caste des politiciens, le M5S se voulait un simple rassemblement de citoyens honnêtes voulant faire de la politique autrement. Il a capitalisé à son profit le dégoût légitime des classes populaires envers les partis traditionnels, attirant à lui toute une partie de l’électorat de gauche qui désormais rejetait le Parti démocrate.

C’est en effet sous la direction du PD que les précédents gouvernements avaient mené la guerre aux travailleurs, généralisant la précarité du travail et aggravant les attaques contre les retraités. Pour répondre à cette partie de son électorat, le M5S a mis en avant des mesures sociales dont la caractéristique principale est de ne pas s’attaquer au capital. Mais il a aussi révélé son inconsistance politique. Dans ses oripeaux de parti de citoyens honnêtes et sans dogmes préconçus, il a reculé devant toute prise de position un peu courageuse, en particulier sur la question des migrants. Dans cette logique, le M5S n’a rien fait pour combattre la démagogie xénophobe de la Ligue, se montrant finalement solidaire de sa politique antimigrants et de sa xénophobie, affirmant, lui aussi, qu’on ne pouvait pas accueillir toute la misère du monde.

Ne pouvant aller au gouvernement seuls, les antisystèmes chevronnés du M5S n’ont alors pas hésité à tendre la main à Salvini… qui s’est empressé de la prendre, bien décidé à se servir de sa place de ministre pour se hisser par-dessus la tête de ses alliés. Dans l’attelage improbable du M5S et de la Ligue, c’est cette dernière qui est apparue la plus déterminée. Les électeurs du M5S ont pour partie rejoint la Ligue, tandis qu’une autre partie, au vu de son inconsistance, ont fini par retourner à un PD qui retrouve des couleurs, même si, il est vrai, il ne leur offre pas plus de perspectives.

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