Fusion Renault-Fiat-Chrysler : les travailleurs ne doivent pas payer !28/05/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/05/2652.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fusion Renault-Fiat-Chrysler : les travailleurs ne doivent pas payer !

Dans la course au gigantisme des groupes capitalistes, ceux de l’automobile sont en train d’écrire une nouvelle page. Un projet de fusion Renault-FCA (Fiat Chrysler Automobile) pourrait faire naître un nouveau géant qui, espèrent ses promoteurs, deviendrait le troisième mondial.

Premier fruit de ce projet, l’action FCA et l’action Renault ont grimpé de 18 % au moment de l’annonce. Cela s’est traduit pour les gros actionnaires, dont la famille Agnelli, propriétaire de Fiat, par quelques heures d’euphorie dans les casinos boursiers, en particulier à Milan et Paris. C’était, paraît-t-il, un des buts recherchés par les spéculateurs qui jugeaient la cote des mois précédents insuffisamment attrayante.

Un autre aspect de ce mariage pourrait être une réponse à Nissan, partenaire de Renault dans l’alliance Renault-Nissan quelque peu secouée par la mise en cause au Japon de Carlos Ghosn, l’ex-PDG de Renault, puis son désaisissement au profit de Senart. Pour l’instant, officiellement en tout cas, aucune proposition n’est faite d’inclure Nissan-Mitsubishi dans le regroupement. Mais si la négociation allait dans ce sens, le groupe résultant de la fusion tripartite battrait ses concurrents Volkswagen, numéro 1 mondial des ventes, et Toyota, numéro 2, à plate couture.

Dans tous les cas, le nouveau mastodonte, même troisième mondial, espèrerait multiplier ses ventes sur le marché asiatique, dot de Renault, et réciproquement les modèles Renault pourraient trouver un débouché sur le marché américain, grâce à Chrysler et sa marque Jeep. Les deux partenaires cumuleraient leurs capitaux, ce qui mettrait en œuvre cinq milliards par an de ce qu’ils appellent la synergie. Un regroupement avec Nissan leur permettrait même d’aller jusqu’à dix milliards.

Le ministère de l’Économie s’est déclaré favorable à la fusion, bien que l’État, actionnaire à 15 % de Renault, ne le serait plus qu’à 7,5 %, perdant au passage sa minorité de blocage, son représentant dans le nouveau conseil d’administration, et sa voix double pour les décisions. Les propriétaires de FCA comme le PDG de Renault affirment, bien entendu, qu’il n’y aura pas de fermeture de site, mais peut-on les croire ? La rationalisation capitaliste vise à des économies d’échelle et à la suppression de doublons. Des usines, des services, des bureaux d’études et d’ingénierie en feraient les frais, avec les suppressions d’emplois que cela signifierait.

Ces messieurs les capitalistes, dont la famille Agnelli à la tête de FCA, ont peut-être dans leur ligne de mire les véhicules électriques et surtout autonomes, mais aussi les économies qui résulteraient de suppressions d’emplois massives.

Près de 300 000 travailleurs, dans le monde, sont concernés par ces manipulations capitalistiques. Les 3,3 milliards empochés par les actionnaires de Renault en 2018 et les 3,5 milliards acquis par ceux de FCA sont le résultat de leur travail, à eux. Si économies d’échelle et rationalisation il y a, elles devraient se traduire non en suppressions d’emplois mais en améliorations des conditions et horaires de travail, et en hausses des salaires.

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