Leur société

Manuels numériques : progrès ou politique d’économie ?

Conséquence de la réforme Blanquer qui change les programmes, tous les lycées vont devoir renouveler, à la rentrée, leurs manuels scolaires.

Cela a entraîné la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, à faire deux annonces. Elle a promis la gratuité des manuels scolaires, oubliant qu’elle est déjà en vigueur depuis 2001. Elle a aussi incité fortement les lycées à renoncer aux livres scolaires et à faire le choix de s’équiper en manuels numériques, qui reviennent bien moins cher.

Cette incitation s’apparente d’avantage à un chantage, puisque les établissements qui refusent de s’engager dans ce processus ne seront plus prioritaires dans l’équipement informatique des classes. De plus, la présidente de la région a laissé seulement quinze jours aux proviseurs pour se décider, ces derniers pouvant passer par-dessus le conseil d’administration de leur lycée, donc ne pas tenir compte de l’avis des familles et des enseignants.

À première vue, l’offre paraît alléchante puisque la région promet de prêter à chaque lycéen en seconde une tablette ou un ordinateur pendant sa scolarité, s’engageant à le lui offrir à la fin de celle-ci. Cela permettrait d’alléger considérablement les cartables et surtout de réduire un peu les inégalités des familles en matière d’équipement informatique. Mais la maintenance comme le rachat de l’équipement en cas de perte ou de vol incombera à la famille. Une assurance tout-risque pour tablette coûte environ 16 euros par mois, une dépense que nombre de familles populaires auront bien du mal à faire.

Quant aux enseignants, il n’est bien sûr prévu ni de les équiper ni de leur délivrer la moindre formation. À charge pour eux de découvrir à la rentrée le fonctionnement de ces manuels numériques dans des salles souvent sous-dotées, ou dotées d’appareils défectueux, dont la maintenance est souvent aléatoire.

Faute des moyens financiers indispensables, loin de remédier à l’inégalité scolaire, le passage aux manuels numériques pourrait aggraver encore celle-ci.

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