Mali : les chefs religieux et l’intervention française15/05/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/05/2650.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mali : les chefs religieux et l’intervention française

Le Premier ministre malien, Soumeylou Boubèye Maïga, vient d’être renvoyé sous la pression des dignitaires musulmans rigoristes. Ceux-ci ne s’appuient pas seulement sur les préjugés religieux, mais tentent aussi de tirer profit de l’incurie du gouvernement malien et du rejet croissant que suscite l’intervention française. L’article suivant est extrait du journal Le pouvoir aux travailleurs de nos camarades de l’Union africaine des travailleurs communistes internationalistes (UATCI-UCI).

« En poste depuis seize mois, le Premier ministre malien a été contraint de présenter sa démission le 18 avril dernier

Ce qui a précipité sa démission n’est pas la fronde des députés mais surtout la fronde du milieu religieux dirigé par l’imam Mahmoud Dicko, qui rassemble des foules lors de grands meetings pour fustiger la politique du gouvernement malien. Il a dénoncé son laxisme en matière d’enseignement dans les écoles publiques et a accusé ce Premier ministre d’être un antimusulman en voulant introduire une petite dose d’éducation sexuelle jugée trop occidentalisée. Ce dernier a dû faire marche arrière en supprimant ce petit chapitre. Il est aussi accusé d’être incapable de faire face à l’insécurité dans le nord et dans le centre du pays, de laisser la part trop belle aux forces françaises dans la gestion du conflit militaro-politique qui prévaut dans le Nord, etc.

Toutes ces diatribes lancées par l’imam Mahmoud Dicko rencontrent un écho favorable au sein de la population, plus particulièrement dans la capitale où plusieurs dizaines de milliers de personnes se rassemblent dans le stade ou sur la place publique pour écouter ses prêches. Il a profité de l’énorme émotion de la population suite au massacre perpétré le 23 mars dernier par des miliciens armés contre le village peul d’Ogossagou. À son appel, entre autres, plusieurs dizaines de milliers de personnes (30 à 50 000 selon certains observateurs) ont manifesté le vendredi 5 avril dans la capitale. On pouvait lire sur les pancartes des slogans comme : « Stop au génocide de la France au Mali », « Le seul problème du Mali, c’est la France ».

En tout cas les travailleurs, et plus généralement les populations pauvres excédées par la gabegie au sommet du pouvoir, par les détournements de fonds et la dilapidation des deniers publics par une clique autour du cercle présidentiel, n’ont aucun intérêt à favoriser la montée en puissance d’un imam comme Dicko (ou d’autres), car leur arrivée au pouvoir ne signifiera aucunement un progrès dans quelque domaine que ce soit. On a vu à Tombouctou et dans certaines localités au nord du Mali ce que ces gens-là (ou leurs semblables d’autres tendances) sont capables d’imposer lorsqu’ils parviennent au pouvoir.

Dans la crise actuelle, les travailleurs ont des choses à dire et à réclamer en tant que classe sociale exploitée. Les enseignants tout dernièrement, le personnel hospitalier, les magistrats, les employés des ministères et d’autres secteurs de l’administration comme celle des territoires, ont montré leur colère contre la dégradation de leur pouvoir d’achat. Leurs grèves avaient secoué le pouvoir jusqu’au sommet. »

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