1er mai à Paris : manifestations et violences policières08/05/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/05/2649.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

1er mai à Paris : manifestations et violences policières

Le 1er mai, les manifestations ont rassemblé plus de monde cette année que l’an dernier à l’échelle du pays, selon le décompte du ministère de l’Intérieur. Cette journée a démontré que la contestation n’a pas été éteinte par les déclarations de Macron en clôture du grand débat.

À Paris, des gilets jaunes se sont mélangés aux travailleurs convaincus que le 1er mai reste une journée de lutte. Mais l’affluence et les revendications sur les salaires, l’emploi, les retraites ont été occultées par les violences dont le gouvernement porte la responsabilité.

Le terrain avait été préparé plusieurs jours avant le 1er mai par les déclarations alarmistes du ministre de l’Intérieur Castaner, selon une tactique désormais bien huilée. Le dispositif policier omniprésent et ostentatoire – 7 500 policiers et gendarmes – aux abords du rassemblement opérait fouilles et contrôles d’identité.

Bien avant le départ de la manifestation, les troupes de Castaner ont appliqué les ordres en harcelant par petites unités mobiles les manifestants à l’aide de gaz lacrymogènes, de grenades et de charges terminées à coups de matraque, empêchant le défilé, désorganisant les cortèges et faisant refluer des milliers de personnes. Les vidéos témoignent que des policiers se sentaient tous les droits et cherchaient à intimider.

Le gouvernement tenait sa démonstration de force et pouvait annoncer le soir même, triomphant, que Paris n’avait pas été la “capitale de l’émeute”, que l’ordre avait été préservé. Il s’agissait d’un message adressé à la partie de l’opinion la plus conservatrice et antiouvrière, qu’il aimerait séduire avant les élections européennes.

En fait, les quelques dizaines ou peut-être centaines de black blocs, comme il est convenu de les appeler désormais, présents à la manifestation du 1er mai à Paris, ont servi seulement de prétexte.

Ce 1er mai, ils étaient quelques centaines vêtus de noir, cagoulés et rassemblés pour casser du mobilier urbain, des vitrines, s’affronter à la police, dans des actions dont il est bien difficile de faire la part, dans les motivations, entre la colère sincère ou la recherche de sensations fortes. Sans doute, la rage légitime contre le gouvernement et contre la police ont aggloméré une fois de plus autour des black blocs des sympathies, voire du renfort dans l’action. Il n’empêche qu’en plus de servir de prétexte au déploiement policier, les actions initiées par les black blocs sont stériles et n’offrent aucune perspective. Ce n’est évidemment pas des vitrines ou du mobilier urbain cassés, des véhicules brûlés ou des affrontements perdus d’avance contre les CRS ou les gendarmes mobiles qui affaibliront le gouvernement, l’État et encore moins la bourgeoisie.

Ces dizaines d’anonymes se sont imposés à la manifestation, sans se préoccuper de ce que pensaient les milliers d’hommes et de femmes venus contester la politique de Macron, venus manifester contre le patronat. Leur hostilité vis-à-vis des organisations politiques et syndicales qui se réclament du mouvement ouvrier exprime aussi un mépris de la classe ouvrière.

Les travailleurs n’ont besoin ni d’une poignée d’individus se prenant pour des Zorros, ni de sauveur suprême, pas plus dans les urnes que dans les manifestations. Seule leur mobilisation dans les grèves et dans la rue, dont ils auront la direction et qu’ils conduiront consciemment, pourra jeter l’effroi au sein de la bourgeoisie et de son État.

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