Leur société

Retraite chapeau : régime “spécial” pour PDG

Lors d’une assemblée générale des actionnaires jeudi 25 avril, le PDG de Danone, Emmanuel Faber, a dénoncé « l’insoutenable concentration de la richesse dans le monde, véritable bombe à retardement ».

Le même jour prenait effet l’abandon de sa retraite chapeau annoncé fin janvier dernier, évaluée à 1,2 million d’euros. Ce renoncement ne le fera pas tomber dans l’insoutenable pauvreté. Sa rémunération annuelle fixée en 2018 s’élève en effet à 2 millions d’euros, 166 600 euros par mois, ou encore 5 500 euros par jour.

Il y a quelque temps, un début de scandale avait éclaté à propos de ces retraites chapeaux, suite à la publication du montant de celle de Tom Enders, le PDG d’Airbus. Et pour cause ! Il va toucher 36,8 millions d’euros. Cette somme est composé de 3,2 millions d’euros au titre d’une clause de non-concurrence, afin qu’il n’aille pas travailler chez Boeing, même si la probabilité est minime et que l’interdiction reste limitée à un an. S’y ajoutent des actions gratuites dites de performance attribuées entre 2014 et 2017. Elles lui rapporteraient au cours du jour 7,3 millions d’euros. Enfin une retraite dite chapeau lui permettra de toucher 900 000 euros net par an. Voilà de quoi assurer les vieux et heureux jours d’Enders qui a quitté le groupe le 10 avril, à tout juste 60 ans, après avoir bien travaillé, du point de vue des actionnaires : 3 700 licenciements ont été annoncés en 2018, pour un groupe qui a réalisé 2,9 milliards de bénéfices.

Devant l’indignation soulevée par de telles sommes, Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, avouait : « Aujourd’hui ce qui existe, c’est uniquement un plafonnement à 45 % du salaire du dirigeant, mais qui n’est pas contraignant. » Mais début avril il n’était question que de la limitation de ces retraites par la loi à 30 % du salaire, ce qui laisse la possibilité de toucher de très grosses retraites. Et cela risque encore d’être fort peu contraignant, si loi il y a.

Les actionnaires des grandes entreprises mettent le prix pour attirer ces hauts salariés, à coups de retraites chapeaux, de stock-options, de parachutes dorés, et on en passe. Ces sommes exorbitantes choquent à juste titre. Mais le plus choquant, c’est le vol organisé et légal, au profit des actionnaires, des richesses produites par les travailleurs.

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