Leur société

Marseille : la situation catastrophique du logement

Le 12 avril, le Premier ministre Édouard Philippe et les ministres Elisabeth Borne et Julien Denormandie ont, sous la protection de dizaines de policiers, effectué la visite d’une des cités les plus dégradées de Marseille, le Parc Kalliste.

117 millions d’euros ont été promis en plus des 240 déjà assurés par l’État pour les travaux de réhabilitation d’urgence de l’habitat à Marseille. Concernant le relogement des habitants évacués de plus de 300 immeubles depuis le 5 novembre, Philippe a dit que l’État serait prêt à financer à 100 % ceux des travaux qui sont imposés d’office et a annoncé que 18 logements appartenant à l’État allaient être rénovés. C’est évidemment loin de ce qui serait nécessaire.

Les associations qui s’emploient à aider les « délogés » demandent en premier lieu que l’on recense les logements vides, et en particulier les locaux vides des institutions, pour les réquisitionner et les mettre à leur disposition.

De fait, les problèmes se multiplient, que la ville laisse pourrir. Il reste 1 200 personnes non relogées sur les 2 700 qui ont été évacuées de leurs logements considérés comme dangereux après l’effondrement mortel des immeubles de la rue d’Aubagne le 5 novembre et la déclaration de péril imminent concernant d’autres immeubles. Les signalements continuent, de nouveaux immeubles sont évacués, souvent sans délai.

Les délogés les plus chanceux ont pu se loger dans la famille ou chez des amis. En principe, après expertise et après que des travaux de confortement et de remise en état ont été réalisés, les anciens occupants sont autorisés à revenir dans leur logement. Mais certains ont constaté à leur arrivée qu’en fait les travaux n’avaient pas été effectués, et qu’on leur demande de rentrer dans un logement délabré. À l’inverse, d’autres, mis dehors de façon expéditive, contestent cette évacuation, car les travaux de renforcement ont été effectivement réalisés.

Pour tous ceux qui n’ont pas pu trouver à se loger la situation est devenue insupportable avec la durée. Logées depuis des mois à l’hôtel, des familles n’ont pas la possibilité de préparer leur repas, de s’occuper du linge, demeurent dans des chambres trop petites pour des familles, pas toujours près de leur lieu de travail ou de leurs écoles. Certains hôteliers commencent eux aussi à trouver le temps long car avec l’approche de l’été ils attendent la venue des touristes. Quelques interventions ont bien été assurées par la ville et la métropole, mais minimes par rapport à l’ampleur des tâches. Elles accélèrent les préemptions d’immeubles dans le centre-ville ancien sans que l’on sache dans quel but : veulent-elles les détruire ou les rénover, ou satisfaire tel ou tel promoteur immobilier ? Il est aussi question, pour libérer les places dans les hôtels, de préparer des hébergements d’urgence. Ce serait une épreuve de plus avant d’accéder peut-être enfin à des logements satisfaisants et définitifs.

Pour l’instant en tout cas, les centaines de personnes délogées ne voient pas venir la fin de leur galère.

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