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Leur société

Habitat indigne

Il y aurait à Marseille plus de 40 000 logements dits indignes, dont 70 % sont des copropriétés ; quelque 100 000 personnes y vivent. Ces grandes cités construites dans les années 1960 et 1970 – telles le Parc Kalliste, La Castellane, La Maurelette, le Parc Corot, le Parc Bellevue, les Rosiers par exemple – sont très dégradées.

Elles ont été bien souvent achetées par appartements qui, du coup, ne valent plus grand-chose, soit par des propriétaires occupants, soit par des propriétaires absents et négligents qui ne paient pas les charges, perçoivent directement les sommes que la CAF verse pour l’aide au logement et sont totalement indifférents à l’état des appartements et aux réclamations des locataires.

Acquérir puis louer des appartements à des locataires très pauvres est un placement tout à fait intéressant. On peut trouver des annonces sur le bon coin comme celle-ci, citée par le journal La Marseillaise : « La Villette. Très bon rapport locatif pour ce 19 m² loué à 285 euros par mois net, intégralement payés par la CAF, soit une rentabilité de 11,5 % assurée. » Dans une interview, le directeur de la CAF 13 explique : « Les marchands de sommeil prospèrent sur un marché de pénurie du parc social.[...]. Le parc privé devient un parc social de fait. C’est vrai à Marseille et ailleurs. On ne peut plus parler de contrat de bail tellement la relation est déséquilibrée, léonine. Bailleur et locataire maquillent les formulaires de demande d’allocation en cochant que le logement est décent. » Ainsi la pénurie d’appartements pour des travailleurs ou des retraités aux ressources insuffisantes les contraint à accepter des logements indécents dont la CAF paie le loyer… En outre, près de 12 000 personnes sont sans abri à Marseille.

Une chose est sûre, le salaire de bien des travailleurs est insuffisant pour payer le loyer d’un logement de bonne qualité ; a fortiori bien des pensions de retraite ou d’invalidité le sont. C’est donc l’État qui compense, un peu, la médiocrité des salaires ou des pensions en versant les allocations logement. La première chose que l’on pourrait exiger d’un salaire ou d’une pension serait pourtant qu’il permette de se loger convenablement avec sa famille.

Marseille est actuellement couvert de chantiers, destinés surtout à offrir des locaux de société et des logements à un public aisé. Il y aurait là de quoi loger des centaines de Marseillais, si la construction et l’entretien des habitations étaient faits avant tout pour loger correctement tout un chacun, et non pour en tirer le profit maximum.

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