Libye : le maréchal va-t-en-guerre et ses soutiens10/04/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/04/2645.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Libye : le maréchal va-t-en-guerre et ses soutiens

La Libye vient de basculer à nouveau dans la guerre. L’armée du maréchal Haftar, qui domine toute une partie du pays et notamment la région riche en pétrole, a lancé une offensive contre la capitale, Tripoli, où se trouve le pouvoir libyen officiellement reconnu internationalement, celui du gouvernement de Faïez Sarraj.

En réalité, les affrontements militaires n’ont jamais réellement cessé depuis la chute du dictateur Kadhafi en 2011, renversé par l’intervention militaire des grandes puissances, dont la France avait été à l’initiative. Depuis, le pays a été déchiré par les rivalités, les alliances et les renversements d’alliances entre milices.

En 2015, les grandes puissances occidentales ont cherché une solution politique. En s’appuyant sur Faïez Sarraj, elles voulaient tenter de mettre un terme au chaos libyen qu’elles avaient elles-mêmes créé et qui contribuait à déstabiliser toute la région alors qu’elles lorgnaient sur les richesses pétrolières et gazières du pays. Mais le pouvoir de Sarraj n’a jamais eu une autorité reconnue sur l’ensemble de la Libye. Même dans sa propre capitale, Tripoli, Sarraj a dû composer avec le pouvoir des milices.

Les grandes puissances elles-mêmes, par leurs rivalités, notamment entre la France et l’Italie, pour l’exploitation du pétrole, ont sapé l’autorité de Sarraj. Ainsi, si la France a toujours officiellement soutenu Sarraj, en coulisse elle a noué des liens avec le maréchal Haftar, surtout quand ce dernier s’est mis à dominer la région appelée « le croissant pétrolier ». Et le fait qu’il se soit emparé récemment de deux nouveaux champs d’hydrocarbures dans le sud du pays a sûrement accru sa cote.

Alors, en prenant l’initiative militaire, le maréchal Haftar s’est-il lancé avec le soutien caché de l’impérialisme français ou de puissances régionales arabes comme l’Égypte ou les Émirats arabes unis ? Ou au contraire a-t-il décidé de se lancer pour leur forcer la main ? En tous cas, si elle a dénoncé avec les autres diplomaties occidentales « tout acteur libyen alimentant le conflit civil », la diplomatie française s’est bien gardée d’attaquer nommément Haftar.

Pour le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, Haftar est « une réalité de terrain ». Cela veut dire en substance que, quelles que soient les exactions dont ses milices se rendront responsables, s’il domine les champs de pétrole, c’est avec lui qu’il faudra négocier. Il s’agit bien là d’un langage pourri de diplomate. Il est vrai que le plus pourri n’est même pas le langage mais les rapports de domination qu’il recouvre.

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