La “restitution”, du pipeau !10/04/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/04/2645.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La “restitution”, du pipeau !

À entendre Sébastien Lecornu, coordinateur du grand débat et ministre macroniste après avoir été élu LR, le compte-rendu dit de restitution des multiples réunions organisées prétendument pour répondre à la colère des gilets jaunes correspondrait, comme par miracle, à la philosophie politique du gouvernement.

Le monde est merveilleux : tous les vœux exprimés demandent la baisse des impôts, ou du moins l’arrêt de leur hausse, et tous suggèreraient, en échange, des économies sur les dépenses publiques. C’est justement ce que propose, ce qu’a entrepris même le gouvernement, affirme l’ancien maire de Vernon. Ne pas augmenter les impôts, baisser les prélèvements, c’est une fable difficile à tenir auprès de ceux, retraités en tête, qui ont perdu des centaines d’euros avec la hausse de la CSG, quand bien même certains d’entre eux auraient vu leur taxe d’habitation diminuer.

Quant à faire des économies sur les dépenses publiques, que le ministre aille le dire à ceux qui ont vu fermer leur gare, leur bureau de poste, leur école de campagne ! Qu’il justifie donc les économies sur la santé, la fermeture des maternités ou des lits d’hospitalisation !

Les économies sont à rechercher, à l’en croire, du côté des multiples agences d’État et établissements publics. Il y a là peut-être des sinécures attribuées à des amis des gouvernements passés et présents, mais le flou entretenu par le propos peut inquiéter : les gouvernants proposeront-ils de s’en prendre à l’Office national des forêts, aux musées nationaux, aux universités, à la Bibliothèque nationale de France, à l’Institut géographique national ou même à l’Ofpra ou à Pôle emploi, qui ont déjà vu leurs effectifs tellement réduits ?

N’allez pas croire en tout cas qu’il pourrait être question d’économiser, comme beaucoup l’ont pourtant suggéré, sur le budget militaire. Lecornu s’y oppose fermement, de même qu’il ne veut pas entendre parler de rétablissement de l’ISF, pourtant réclamé par sept participants au grand débat sur dix. Bavarder sur les baisses d’impôts lui convient, mais, en vrai jésuite, il souligne qu’au lieu d’une baisse, rétablir l’ISF serait une hausse de l’impôt… « sur certains Français ».

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