Michelin – Cholet : un désaveu pour le patron03/04/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/04/2644.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Michelin – Cholet : un désaveu pour le patron

Les élections professionnelles viennent d’avoir lieu à l’usine Michelin de Cholet, portant sur 1 362 votants. La CGT reste le premier syndicat, alors même qu’elle ne se présentait que dans le collège ouvrier.

Ces élections étaient les premières depuis l’introduction en 2017 par Macron des CSE (comités sociaux et économiques), qui remplacent en les fusionnant les instances DP (délégués du personnel), CE (comité d’entreprise) et CHS (comité d’hygiène et de sécurité). Le but de ce changement était notamment de réduire de façon brutale le nombre de délégués d’ateliers dans les entreprises.

Ainsi à Cholet, on passe de 52 délégués tous syndicats confondus à 18 titulaires seulement. Là où les élus DP, CE et CHS bénéficiaient respectivement de 15, 21 et 21 heures de délégation, on passe à 24 heures par titulaire au CSE, et aucune heure pour les suppléants, sauf si un syndicat décide de partager avec eux les heures des titulaires.

La loi Macron créant les CSE a donc tout pour plaire aux capitalistes en général et à Michelin en particulier, car elle contribue à vider les ateliers de délégués syndicaux pouvant être un appui pour les travailleurs face à l’exploitation quotidienne.

En préparation des élections, la direction choletaise a fait feu de tout bois pour essayer d’affaiblir la CGT, majoritaire dans l’usine depuis les élections de 2011. Elle a fait passer dans le collège B une grande partie des travailleurs de la maintenance, afin de diminuer la taille du collège A (le collège ouvrier) ; elle a déroulé le tapis rouge à Laurent Berger, le secrétaire national de la CFDT, dont la visite a été complaisamment relayée dans la presse locale.

La direction a ostensiblement présenté la CFDT, la CGC et SUD comme ses interlocuteurs privilégiés. Quand, à deux jours des élections, elle a annoncé une prime d’intéressement de 2 500 euros, elle a fortement laissé entendre que c’était un résultat de la politique de dialogue social menée par ces syndicats.

Les efforts un peu trop visibles de la direction pour soutenir les syndicats qu’elle juge raisonnables ont semble-t-il eu l’effet inverse. La CGT a obtenu 53 % des voix. Ce collège comptant plus de mille électeurs, cela la place à 40,7 % sur les trois collèges, loin devant les autres syndicats.

Indépendamment de ce que l’on peut penser de la politique des confédérations, l’idée défendue par les militants CGT de l’entreprise, qu’il faut organiser la résistance pied à pied et de façon collective face au rouleau compresseur de la direction et contre un patron qui n’est pas un partenaire social mais un adversaire social, a visiblement été approuvée par une large part des salariés. Cela est vrai, y compris parmi les jeunes ouvriers les plus récemment embauchés, et cela s’est ressenti de façon positive dans l’ambiance à l’usine dans les jours qui ont suivi l’annonce des résultats.

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