Visite de Xi Jinping : théâtre d’ombres… européennes27/03/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/03/2643.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Visite de Xi Jinping : théâtre d’ombres… européennes

La tournée européenne du président chinois Xi Jinping est bien tombée pour permettre aux différents chefs d’État de mettre en scène leur politique, leurs divergences et leurs postures en pleine élection européenne.

D’un côté, le vice-Premier ministre Di Maio a annoncé que l’Italie s’engageait à participer aux investissements de la nouvelle Route de la soie voulue par la Chine pour faciliter ses ventes en Europe. Il en espère une augmentation des exportations italiennes vers la Chine car « il faut penser à l’Italie d’abord ». De l’autre, Macron, Merkel et Junker, rencontrant ensemble Xi Jinping à Paris, prétendent opposer la puissance économique de l’Europe unie à celle de la Chine. Ils font mine de voir une menace dans cette Route de la soie, qui n’est rien d’autre que l’aménagement d’infrastructures pour interconnecter des voies de chemin de fer ou des routes déjà existantes entre la Chine et l’Europe, et qui profitera au moins autant aux Européens qu’aux Chinois. Ils montrent les muscles pour que l’État chinois cesse de subventionner ses industriels.

Cette mise en scène résume bien le dilemme des capitalistes européens. Face à un grand pays comme la Chine, au développement tardif et très inégal, mais avec des capitalistes soutenus par l’État à la recherche de débouchés, le morcellement de l’Europe est un lourd handicap. Mais, comme la bourgeoisie est incapable de bâtir un État européen unifié, elle compte avant tout sur ses États nationaux pour défendre ses intérêts dans la guerre commerciale qui fait rage. Chaque gouvernement, aussi bien ceux de Macron ou Merkel que celui de Di Maio, défend coûte que coûte ses propres capitalistes. Mais, par calcul politique, les uns revendiquent ouvertement leur souverainisme quand les autres prétendent renforcer l’Union européenne. Ce sont deux façons différentes de tromper les classes populaires.

Les tournées diplomatiques des chefs d’État sont avant tout des voyages d’affaires et des occasions de finaliser des contrats substanciels. Di Maio a signé avec Xi Jinping pour 2,5 milliards d’euros de contrats. Macron l’aurait battu avec quelque 10 milliards d’euros, notamment pour la construction d’éoliennes par EDF, de cargos porte-conteneurs géants commandés par la CMA-CGM, de projets dans l’industrie spatiale, sans parler de 300 avions Airbus commandés par la Chine.

Pour arroser ces contrats et sceller l’amitié franco-chinoise, un banquet d’État a été offert à l’Élysée. Outre de vieux acteurs, comme Alain Delon ou, autre registre, Laurent Fabius, les invités étaient surtout les PDG des grands groupes visant le marché chinois, dont ceux d’EDF, de L’Oréal et de LVMH. À l’apéritif, Macron a réussi à placer deux mots sur les droits de l’homme, pendant que sa police maintenait à grande distance les manifestants qui dénonçaient le sort des opposants chinois, nationalistes tibétains, Ouïgours, journalistes indépendants, militants ouvriers ou de diverses ONG. Tout de même, à Paris, à Bruxelles ou à Rome et à Pékin, les affaires restent les affaires !

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