Rwanda : les responsabilités françaises dans le génocide20/03/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/03/2642.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Rwanda : les responsabilités françaises dans le génocide

Quelques mois après la sortie du livre d’un officier français sur le rôle de l’armée française dans le sauvetage des génocidaires au Rwanda, un général français a fait lui aussi des aveux. Les lourdes responsabilités de l’impérialisme français dans la préparation de ce génocide, qui a fait près d’un million de morts en 1994, sont ainsi encore soulignées.

25 ans après, ce général raconte qu’en 1990 un colonel de gendarmerie rwandais lui avait dévoilé la volonté du pouvoir d’exterminer les Tutsis et de réclamer des armes lourdes à la France.

Il en aurait fait part à Paris, sans que cette nouvelle empêche le pouvoir de continuer à soutenir la dictature en place. Quelles sont ses propres motivations pour dévoiler ces secrets, à 84 ans, nul ne le sait. Mais le fait qu’une grande partie de la presse française fasse semblant de découvrir les responsabilités de Paris dans ces atrocités, alors que des milliers de victimes le clament depuis des décennies et réclament justice, ressemble quand même à une mascarade.

Il est avéré depuis longtemps que l’impérialisme français a soutenu jusqu’au bout le régime de Kigali, et donc les génocidaires, en toute connaissance de cause. Il a aussi largement été prouvé que l’attentat contre l’avion du président Habyarimana n’a pas été le fait des opposants Tutsis mais bien des extrémistes Hutus, qui voulaient s’en servir pour déclencher le massacre qu’ils avaient longuement et méticuleusement préparé. Tout cela était connu de Paris, qui a même rapatrié et sauvé la veuve d’Habyarimana, chef de file des extrémistes. Quant aux troupes militaires et paramilitaires rwandaises qui ont sillonné le pays pour massacrer et faire massacrer, elles ont été préalablement formées et armées par des officiers français.

Certains rescapés rwandais racontent même avoir vu des soldats français parmi les génocidaires, pataugeant avec eux dans le sang des victimes. Les ventes d’armes n’ont pas non plus cessé en avril 1994, contrairement aux mensonges des dirigeants français. Elles ont permis au contraire que le génocide se poursuive durant trois longs mois.

Enfin, l’armée française est carrément venue secourir les dignitaires du régime et les militaires assassins quand les rebelles du FPR sont entrés dans Kigali.

Malgré l’accumulation de preuves, les différents gouvernements en France ont toujours nié les responsabilités de Mitterrand, président de l’époque, et des ministres de droite comme de gauche, tout comme ils ont nié le rôle de l’armée française. Ils n’ont jamais voulu reconnaître avoir protégé des génocidaires. Et une partie de la presse, en particulier le quotidien Le Monde, a toujours accepté de diffuser leur version, sans honte et sans jamais beaucoup se préoccuper de vérité dans cette histoire pourtant tragique.

Aujourd’hui, l’attention donnée à ces faits dans la presse peut sans doute l’aider à se dédouaner par rapport à ses prédécesseurs et à se présenter comme un dirigeant vierge, non impliqué dans ce trouble passé.

Heureusement, depuis 25 ans, il n’a pas manqué de Rwandais et de Français ayant dénoncé sans faiblir les responsabilités de Paris, pour que nul ne puisse ignorer que les dirigeants français ont les mains pleines de sang. La défense des intérêts des capitalistes français en Afrique se fait à ce prix.

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