Retraites : Buzyn en éclaireur des attaques20/03/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/03/2642.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Retraites : Buzyn en éclaireur des attaques

Toute dévouée à son président et aux donneurs d’ordres capitalistes, la ministre de la Santé est montée à l’assaut sur le recul de l’âge légal de départ en retraite. L’air de rien, dans le cadre du Grand jury RTL-Le Figaro-LCI, Agnès Buzyn a glissé l’éventualité d’un allongement de la durée de travail.

L’idée ne lui appartient pas, ajoute-t-elle modestement, en effet « la question de l’âge du départ à la retraite est sans arrêt sur la table, à gauche comme à droite ». Or Macron s’était engagé, pendant sa campagne présidentielle, à ne pas toucher à l’âge de départ à la retraite, Buzyn le reconnaît. Le nouveau pouvoir préférait éviter, au départ, de s’attaquer à ce repère, d’ailleurs déjà bien malmené sous Hollande, Sarkozy et Chirac.

Pour s’attaquer au pouvoir d’achat des salariés les plus anciens et des travailleurs retraités, la classe capitaliste avait d’ailleurs bien d’autres fers au feu. Le dernier en date a été, début 2019, le malus de 10 % par an appliqué pendant trois années sur la retraite complémentaire des salariés du privé s’ils décidaient de partir à l’âge légal, 62 ans. Auparavant, depuis début 2018, la hausse du taux de CSG pour la majorité des retraités leur avait fait perdre plusieurs centaines d’euros sur l’année.

La colère des nombreux retraités gilets jaunes, exigeant de pouvoir vivre dignement d’une pension gagnée au cours d’une vie de labeur, se fait entendre depuis quatre mois. Face à elle, la déclaration de la ministre, qui prétend s’exprimer à titre personnel, a tout d’une provocation. En éclaireur d’un nouveau train d’attaques gouvernementales, la réforme des retraites devant être votée avant la fin de l’année, elle reprend, en tant que médecin, dit-elle, les arguments éventés de l’augmentation de l’espérance de vie. Chacun sait pourtant, et Mme Buzyn sans doute mieux que d’autres, que l’espérance de vie en bonne santé, la seule qui compte, ne progresse pas, elle recule même un peu pour les femmes, estimée à 64 ans. Dans ces conditions, un médecin qui ose suggérer à ceux qui partent en moyenne à 63,3 ans de reculer encore l’âge légal de départ en retraite n’inspire guère confiance, sauf peut-être aux grands patrons qui n’attendent que cela !

Quant à faire peur en évoquant le moment où « il y aura un actif pour deux retraités et où les cotisations ne suffiront plus », il s’agit d’un mensonge. La société a connu une augmentation de la productivité telle qu’il serait absolument possible de permettre aux anciens de vivre dignement et aux autres de travailler moins. Mais la vraie question est de prendre sur les profits de la bourgeoisie pour cela.

Quoi qu’il en soit, le discours politique mensonger sur le déséquilibre des caisses de retraite s’éclaire lorsqu’on rappelle que de plus en plus de travailleurs seniors tentent, contraints et forcés, de garder un emploi, et surtout que chez les 55-64 ans c’est le chômage qui augmente. Reculer encore l’âge de départ aggraverait la situation.

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