Gilets jaunes : le mouvement ne se laisse pas enterrer20/03/20192019Journal/medias/journalarticle/images/2019/03/Une_manif_gilets_jaunes_C_Serge_DIgnazio.jpg.420x236_q85_box-0%2C20%2C385%2C236_crop_detail.jpg

Leur société

Gilets jaunes : le mouvement ne se laisse pas enterrer

Pour leur 18e samedi, le 16 mars, les gilets jaunes ont rappelé à Macron qu’il n’en avait pas fini avec eux. Son grand débat destiné à noyer la protestation, les menaces contre ceux qui n’en peuvent plus, rien n’y a fait : des dizaines de milliers de manifestants ont tenu à dire dans tout le pays qu’ils étaient toujours là, avec leurs revendications restées sans réponse du pouvoir.

Illustration - le mouvement ne se laisse pas enterrer

Macron, qui avait voulu prendre du bon temps aux sports d’hiver, a dû rentrer dare-dare à Paris où, en marge de la manifestation, de petits groupes avaient à nouveau saccagé des commerces sur les Champs-Élysées.

Le gouvernement et ses relais ont sorti la grosse artillerie. Des gilets jaunes et surtout de leurs revendications, plus un mot, tandis que ministres et commentateurs tournaient en boucle sur les plateaux de télévision pour assimiler la foule des manifestants aux 1 500 casseurs que la police avait comptabilisés. Une propagande systématique a fustigé toute contestation comme une entreprise de déstabilisation violente de l’ordre établi.

On y avait déjà eu droit contre les cheminots, lorsqu’ils se défendaient contre ce gouvernement. Cette fois, les Castaner et consorts n’ont pas fait dans le détail. Ils ont dénoncé les « factieux », menacé tous ceux qui avaient manifesté à Paris d’être tenus pour complices des exactions de quelques-uns.

La casse de la terrasse du Fouquet’s, ce restaurant de luxe, a aussi été dénoncée. Mais, pour tenter de donner le change, les défenseurs de l’ordre ont cru habile d’invoquer, non pas la digestion troublée de quelques richards, mais l’emploi des serveurs ! Ils ont aussi versé un pleur sur l’employée d’un kiosque incendié. Mais qui a jamais entendu un gouvernant se soucier du sort des serveurs de restaurants ou des conditions de travail indignes des soutiers de la distribution de journaux ?

Bien sûr, incendier une banque est stérile – comme si cela pouvait ébranler le pouvoir de la finance ! – et irresponsable – comme l’ont montré les images de la femme fuyant l’immeuble avec son bébé.

Des gilets jaunes se sont démarqués de la violence des bandes qui parasitent leur mouvement. Mais beaucoup ne s’en disent pas choqués, et cela se comprend, car ils y voient une réponse à la violence qu’ils subissent de la part de la police et au mépris du gouvernement. Dans cette société, la violence règne en grand, marquant à chaque instant la vie de millions d’hommes et de femmes.

C’est la violence du système capitaliste que subissent ceux qui ont beau chercher du travail, et n’en trouvent pas ; ou ceux qui ont un emploi, mais qui voient que le travail ne paie pas, quoi que prétende Macron. Tout cela alors que les actionnaires du CAC 40, eux, voient leur fortune s’accroître d’année en année sans avoir rien à faire, sinon ordonner à la direction de leurs entreprises de supprimer des emplois, l’argent qu’ils récupèrent ainsi filant tout droit dans la spéculation.

Et comment ne pas s’indigner de voir cet argent couler à flots, alors que l’État prétend en manquer pour l’école, pour les hôpitaux, pour embaucher dans les services publics au lieu de les étrangler ?

Des jeunes qui voudraient avoir un avenir et qui constatent qu’il est bouché devraient-ils se résigner ? Les anciens, qui survivent avec quelques centaines d’euros, devraient-ils se satisfaire de ce que des nantis flambent le montant de leur pension en un seul repas ?

Macron et ses ministres peuvent toujours s’indigner, dénoncer la violence, ils ne doivent pas s’étonner si, quand le feu prend au Fouquet’s, sur cette avenue symbole d’une richesse insolente, beaucoup y voient une forme de revanche.

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