Prisons : mépris pour les détenus et pour les surveillants13/03/20192019Journal/medias/journalarticle/images/2019/03/P5_Surveillants_de_Poissy_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C36%2C385%2C252_crop_detail.jpg

Leur société

Prisons : mépris pour les détenus et pour les surveillants

Après l’agression au couteau de deux des leurs, les surveillants de la prison de Condé-sur-Sarthe n’ont pas cessé de manifester devant l’établissement pendant une semaine. Les manifestations se sont étendues à des dizaines de prisons pendant plusieurs jours.

Illustration - mépris pour les détenus et pour les surveillants

Présenté comme un islamiste radicalisé, l’assaillant de Condé-sur-Sarthe, condamné à trente ans de réclusion pour un crime de droit commun, s’était retranché dans une unité de vie familiale de la prison avec sa compagne, qui a été tuée lors de l’assaut du Raid. Le drame est présenté comme un attentat par le ministère de la Justice, mais c’est la situation plus générale de l’univers carcéral qui suscite les réactions du personnel pénitentiaire. La dégradation de la situation des prisons en France, des deux côtés des barreaux, est devenue aujourd’hui une évidence.

Ainsi, en décembre dernier, l’Observatoire international des prisons (OIP) dénonçait un « terrible record » pour la France, avec 71 000 détenus et une surpopulation estimée à 22 890 par rapport aux capacités d’accueil des prisons. L’OIP annonçait un chiffre de 1 506 détenus dormant par terre. Promiscuité, vétusté des locaux, violences sont le quotidien des détenus et font de la prison, et ce n’est pas nouveau, l’école du crime ou le vestibule de la folie. Les enfermements augmentent, au fur et à mesure de dégradation de la société et des démonstrations de fermeté des gouvernements.

Cette dégradation est aussi ressentie par le personnel, enfermé lui-même et condamné au huis clos avec les détenus.

Il y a un an déjà, en janvier 2018, le personnel pénitentiaire avait bloqué pendant plusieurs jours la quasi-totalité des centres de détention du pays. Le gouvernement avait répondu par des promesses, mais rien n’a changé depuis, et les mêmes revendications ressurgissent. Les questions de sécurité, d’effectifs, de conditions de travail et de salaire, un surveillant gagnant en moyenne 1 400 euros, sont remises en avant par les manifestants devant les établissements. Le mépris et la dégradation des conditions de travail vécus par les gardiens de prison sont un aspect de la dégradation générale de tous les services de l’État. Les prisons sont le miroir d’un pays, dit-on. Le reflet qu’elles renvoient en France n’est beau à voir, ni pour les détenus ni pour les surveillants.

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