Grand débat : des témoignages qui n’intéressent pas le pouvoir06/03/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/03/LO2640.jpg.445x577_q85_box-0%2C26%2C656%2C876_crop_detail.jpg

Leur société

Grand débat : des témoignages qui n’intéressent pas le pouvoir

En marge du grand débat lancé par Macron pour tenter de désamorcer la mobilisation des gilets jaunes, des associations caritatives comme le Secours catholique, Emmaüs ou le Samu social ont organisé leurs propres débats dans tout le pays. Ces débats ont rassemblé des milliers de participants, précaires ou migrants, venus exprimer leurs préoccupations vitales.

Les associations organisatrices témoignent du succès inattendu et de l’affluence à ces débats. Comme sur les ronds-points au début de la mobilisation des gilets jaunes, des travailleurs précaires sont venus expliquer leur révolte de devoir choisir entre manger, se chauffer, se déplacer ou se soigner ; dénoncer leurs conditions de logement indignes, où les enfants dorment sur un matelas pneumatique et où les chambres ne peuvent être chauffées. Des migrants ont affirmé qu’ils ne sont pas venus pour profiter de la protection sociale ou de la solidarité nationale mais qu’ils « veulent travailler et contribuer à la vie de la société ». D’autres ont raconté comment, malgré le dispositif de l’aide médicale d’État, tant décrié par les politiciens de droite et d’extrême droite, nombre de médecins ou de dentistes refusent de les soigner. Des retraités sont choqués d’avoir été présentés comme des privilégiés par Macron, alors que leur pension est si faible qu’ils ne peuvent se déplacer pour visiter leurs petits-enfants. Beaucoup d’intervenants dénoncent le manque de moyens pour les transports publics, en particulier à la campagne, ou la disparition des médecins de campagne.

Ces travailleurs précaires savent par expérience que l’État n’est pas à leur service. Ils l’ont dit : « Les actionnaires sont les patrons » ; « Ce sont les multinationales qui dirigent le monde, pas le gouvernement ».

Beaucoup ont dénoncé les partenariats public-privé (PPP) pour gérer les autoroutes, les transports publics ou les Ehpad, qui sont autant de moyens d’arroser des entreprises privées avec l’argent public. Enfin les organisateurs soulignent qu’aucun débat n’a porté sur l’immigration ou sur les réformes institutionnelles, sujets agités par les politiciens pour faire diversion mais qui ne préoccupent pas les travailleurs précaires. Ils s’apprêtent maintenant à faire remonter au gouvernement les centaines de pages de comptes-rendus.

Au moins ces débats-là auront contribué à rendre publiques cette colère légitime et ces préoccupations vitales. Reste l’arnaque du grand débat à la sauce Macron : « Je vous écoute mais… cause toujours, je ne vais surtout rien changer ! » Et pour cause, lui, il est là pour servir les actionnaires, les grandes entreprises et les banques.

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