Automobile : pollueurs et maîtres-chanteurs06/03/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/03/LO2640.jpg.445x577_q85_box-0%2C26%2C656%2C876_crop_detail.jpg

Leur société

Automobile : pollueurs et maîtres-chanteurs

Dans une interview au Figaro du 3 mars, Carlos Tavares, le PDG de PSA, a attaqué la décision du Parlement européen de réduire de 40 %, d’ici 2030 les émissions de CO² des véhicules utilitaires de moins de 3,5 tonnes. Il en a profité pour menacer les gouvernements de conséquences lourdes sur l’emploi.

Alors que le groupe PSA vient d’annoncer 3,3 milliards de bénéfices pour 2018, un record historique comparable à celui de Renault, Tavares ne se gêne pas pour affirmer que cette décision risque de mettre certains constructeurs à genoux, rien de moins !

« Une violence avec un V majuscule », un « diktat », un « vote contre l’industrie automobile » : les propos de ce PDG montrent au moins que lorsqu’il s’agit de défendre leurs intérêts sonnants et trébuchants, les capitalistes ne lésinent pas sur les mots et savent sortir les griffes. Les industriels de l’automobile estiment que cette décision sur les émissions de CO² nuit à leurs intérêts. Alors ils se donnent les moyens de se faire entendre par les institutions, sans considération ou reconnaissance pour ceux qui les servent au jour le jour. Et ils ne sont aucunement gênés de faire passer leurs profits avant les intérêts de toute la collectivité. Pour ces industriels, il n’est pas question de payer de quelque façon que ce soit pour améliorer la situation écologique. Alors, ils font du chantage afin que les gouvernants leur concèdent des cadeaux financiers supplémentaires.

Le groupe PSA a supprimé 27 000 emplois en sept ans rien qu’en France, mais cela n’empêche pas Tavares de s’en prendre aux institutions européennes, en évoquant la possibilité de licenciements massifs dans l’industrie automobile suite à leurs décisions. Ces dizaines de milliers d’emplois détruits ne sont dus ni à l’évolution de la production ni à des prétendues difficultés économiques, mais seulement à la rapacité des actionnaires, qui ont engrangé des milliards en réduisant ainsi les effectifs et en accroissant la charge de travail.

Non seulement les capitalistes de l’automobile mènent la guerre aux travailleurs mais ils ont de grandes responsabilités dans la pollution de la planète. Qu’importe pour Tavares, qui évacue ces problèmes d’un revers de main. Le diesel ? « La société a décidé de tuer le diesel. Passons à autre chose », affirme-t-il sans état d’âme. Le scandale du dieselgate ? « L’Union européenne (...) ulcérée par l’affront de la tricherie, a fait un amalgame avec tout le secteur. » Présenter les constructeurs, qui ont sciemment truqué les contrôles pour continuer à polluer à moindre coût, comme des victimes de harcèlement montre un aplomb solidement arrimé à une mauvaise foi hors catégorie.

Le problème de Tavares n’est pas l’écologie, on s’en doute. Mais ce n’est pas celui des institutions européennes non plus. Car cette décision sur la réduction des émissions de CO² n’est qu’un leurre et ne garantit aucunement que la pollution de la planète sera réduite. De ce point de vue, l’impact de la production de véhicules électriques ne sera pas plus contrôlé que celui des véhicules diesel dans le passé.

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