Argentine : les anti-avortement s’en prennent à des fillettes06/03/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/03/LO2640.jpg.445x577_q85_box-0%2C26%2C656%2C876_crop_detail.jpg

Dans le monde

Argentine : les anti-avortement s’en prennent à des fillettes

Un scandale secoue l’Argentine. Deux fillettes de 11 ans et 12 ans, l’une à Tucuman, l’autre à Jujuy, se sont vu dénier leur droit à l’avortement. Les milieux catholiques anti-avortement, les réactionnaires de tout poil et les autorités se sont coalisés pour le leur interdire.

Une loi très limitative, datant de 1921, autorise l’avortement seulement en cas de viol ou de danger pour la mère. L’an dernier, dans une marée verte de la couleur de leurs foulards, des centaines de milliers de femmes se sont mobilisées pendant des mois pour exiger une loi autorisant l’avortement libre et gratuit. Elles ont gagné le vote des députés, mais elles ont été déboutées au Sénat par une poignée d’élus conservateurs. En effet les milieux réactionnaires avaient réagi et, à la tête de cette croisade anti-IVG, on trouvait le clergé catholique, décidé à empêcher que se répète la victoire obtenue par les femmes de la très catholique Irlande qui venaient d’obtenir le droit à l’avortement. Ses concurrents évangélistes étaient également mobilisés.

Deux lois, l’une sur le mariage pour tous et l’autre sur la PMA pour tous, sont passées sans déclencher une telle levée de crucifix. Mais, malgré les scandales à répétition qui secouent l’Église catholique, les milieux réactionnaires restent mobilisés contre l’avortement.

La fillette de Tucuman a été violée par le mari de sa grand-mère. Elle avait invoqué son droit légal à avorter, mais les autorités locales ont multiplié les manœuvres. Le secrétaire à la Santé de la province a menti, assurant que la fillette voulait poursuivre sa grossesse et que ses 50 kilos permettraient que tout se passe bien. En fait, la jeune fille était internée dans une clinique, gardée par la police, sans soutien psychologique, et avait déclaré à huit reprises : « Je veux que vous m’enleviez ce que le vieux a mis dans mon corps. » Les médecins se réfugiaient derrière la clause de conscience, tandis que l’évêque appelait les « gardiens des fœtus », les activistes anti-IVG, à se mobiliser devant la clinique.

Ce n’est qu’au bout de 23 semaines que les responsables de la clinique ont réalisé que la vie de la fillette était en danger. Une gynécologue appelée pour réaliser en urgence une césarienne a alors constaté que la jeune fille était très frêle, ne pesait pas le poids annoncé et était traitée comme une prisonnière. Le prématuré né le 27 février ne devrait pas survivre. La gynécologue n’en a pas moins été menacée de mort par les prétendus pro-vie et elle a dû retirer ses enfants d’un collège catholique où ils étaient harcelés.

Dans la province de Jujuy où les milieux réactionnaires sont aussi actifs, une jeune fille de 12 ans a subi le même calvaire. Les femmes qui se sont mobilisées pendant des mois ont réagi en mettant en avant un nouveau slogan : « Fillettes, pas mamans ». Il devrait résonner, avec d’autres, dans les manifestations du 8 mars.

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