Djihadistes français : sous-produit des guerres impérialistes27/02/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/02/2639.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Djihadistes français : sous-produit des guerres impérialistes

En visite à Paris le 25 février, le président irakien a annoncé à Macron la nouvelle qu’il voulait entendre : les treize ressortissants français combattants de Daech remis par les forces kurdes à l’Irak seront jugés sur place. L’État français n’aura donc pas à se poser le problème de leur rapatriement, ni celui de leur jugement.

Mais il resterait plusieurs dizaines d’autres combattants, des épouses, des veuves et des dizaines d’enfants, la plupart très jeunes, dans les prisons et les camps d’internement tenus par les forces kurdes en Syrie. En théorie la diplomatie française s’occupe de tous ses ressortissants détenus à l’étranger, quels que soient les accusations ou les jugements dont ils font l’objet. Elle est même censée obtenir que les citoyens français purgent leur peine en France et, naturellement, devrait travailler à leur éviter la peine de mort. Mais tous ces principes démocratiques ne valent plus en l’espèce.

Le sénateur LR Retailleau l’explique très simplement en affirmant « qu’il ne s’agit pas de Français, mais de criminels de guerre ». Outre le fait qu’il est honteux d’étendre cette définition aux enfants, Retailleau devrait savoir qu’on peut très bien être les deux à la fois. Les criminels de guerre français ne manquent pas, ne serait-ce que dans l’histoire récente des nombreuses guerres coloniales, en Indochine, en Algérie, en Afrique...

La France a une large part de responsabilité dans l’apparition puis le renforcement de ces criminels-là, ceux de Daech. Elle fait partie des grandes puissances qui, avec la Grande-Bretagne et les États-Unis, ont depuis plus d’un siècle présidé à la division du Moyen-Orient, à la mise en place et au soutien des dictatures, à la permanence puis au renforcement de l’influence des religieux les plus obscurantistes. Les puissances occidentales sont intervenues à chaque fois qu’elles l’ont jugé bon dans la vie de ces pays, faisant et défaisant les gouvernements, finançant des groupes armés et des coups d’État, envoyant leurs troupes bombarder et occuper, jusqu’à raser des régions entières.

Daech est apparu, appuyé, financé et armé par le Qatar et l’Arabie saoudite grands alliés de la France, pour tenter de contrer le pouvoir syrien, à partir de 2011. Les services français ne devaient rien ignorer des activités de Daech à l’époque, parmi la nébuleuse des groupes qui combattaient le pouvoir syrien sous les encouragements occidentaux. Mais la guerre a tourné autrement que ne le prévoyaient les apprentis sorciers en cravate. La spirale de violence alla jusqu’à susciter des vocations terroristes et des attentats au cœur même des pays impérialistes, au prix de centaines de victimes. Daech passa alors du rôle de créature manipulable à celui de repoussoir universel.

Puis, au travers de multiples retournements d’alliances, on en est arrivé à la situation d’aujourd’hui. Les forces kurdes, lâchées par les Américains, ne peuvent plus garder leurs prisonniers européens membres de Daech et leurs familles. Leur pays d’origine n’en veulent pas, même pas pour les condamner, et ne veulent surtout pas reconnaître leur responsabilité.

Comme toujours, les tristes combines des puissants de ce monde, décidées à Paris, Londres ou Washington, retombent en définitive sur les peuples, subissant tour à tour la terreur de Daech et celle des bombardements.

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