Abus sexuels dans l’Église : la loi du silence20/02/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/02/2638.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Abus sexuels dans l’Église : la loi du silence

Jeudi 23 février, le Vatican commencera à se demander comment prévenir les abus sexuels, particulièrement la pédophilie, dans l’Église. Il aura fallu pour cela la mise au jour de milliers de cas de par le monde, confinant parfois au système organisé.

Au même moment, des cas d’abus sexuels sont avérés sur des séminaristes, de jeunes adultes, des religieuses, de la part de leurs supérieurs hiérarchiques. Jusqu’au nonce apostolique de Paris, l’ambassadeur du pape, âgé de 74 ans, qui est maintenant accusé d’agressions sexuelles.

Le point commun à toutes ces vilenies est que le clergé catholique, jusqu’aux plus hauts échelons de la hiérarchie, a toujours couvert les siens. Il a par exemple fallu une accumulation de preuves dignes d’un Gilles de Rais en soutane pour que le pape ordonne qu’un cardinal américain soit défroqué. Et l’Église ou du moins ses avocats vont jusqu’à vouloir empêcher la sortie d’un film sur le sujet, alors même que les faits relatés sont connus depuis longtemps.

On sait, au moins depuis Molière, que, pour être dévots, ils n’en sont pas moins hommes, et que les pulsions sexuelles doivent travailler les prêtres comme les autres. L’obligation du célibat ne visait pas à empêcher les curés d’avoir une vie sexuelle, mais surtout à ce que les évêques médiévaux n’aient pas d’héritiers légitimes à qui léguer fortune et pouvoir. Cette mesure, comme l’exclusion des femmes de la prêtrise, est devenue un moyen d’augmenter la cohésion du clergé, sa discipline et sa fidélité au pape.

L’Église catholique est en effet un des groupes humains les plus centralisés, hiérarchisés et disciplinés. Elle l’est devenue par une lente évolution il y a bientôt un millénaire et l’est restée, devenant de ce fait complètement anachronique. Les prêtres, comme on l’a vu dans les affaires de pédophilie, refusent l’intrusion de la justice civile dans leurs affaires, n’ont de comptes à rendre qu’à leurs chefs. Ils ont pour mission de guider les fidèles, sont nommés par leurs supérieurs, déplacés comme le veut l’évêque, et soumis, pour les plus fanatiques d’entre eux, à une « obéissance de cadavre ». On entre dans le clergé par cooptation, après une longue formation, on revêt l’uniforme et, dès lors, on dicte le juste comportement à ses ouailles.

Les cas d’abus sexuels dans l’Église sont comparables à tous ceux exercés par des hommes ayant autorité, étant ou se croyant au-dessus de tout contrôle et de tout jugement. Le fait qu’ils aient été cachés si longtemps est caractéristique d’une secte, quand bien même elle compte des centaines de millions de membres. Le nombre de cas de pédophilie est proportionnel au nombre d’enfants confiés aux curés dans ce cadre particulier.

Ces turpitudes n’ont jamais empêché les prélats de faire la morale au monde entier, de s’ériger en spécialistes de l’éducation des enfants, de dire ce qui est licite ou non dans la vie amoureuse, la contraception, la procréation, etc. La bonne société n’en a pas moins continué de faire sa révérence à l’Église et de la proclamer comme un témoin de moralité, quitte ensuite bien sûr à faire comme bon lui semble. Cela juge l’une et l’autre.

Partager