Stocamine – Wittelsheim : les déchets toxiques resteront sous terre30/01/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/01/2635.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Stocamine – Wittelsheim : les déchets toxiques resteront sous terre

Lundi 21 janvier, le ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy, a annoncé la décision de procéder au confinement définitif des déchets dangereux stockés sur le site Stocamine à Wittelsheim, près de Mulhouse dans le Haut-Rhin. Il rejette ainsi la solution réclamée par les habitants et les associations : l’extraction totale des déchets.

Cette entreprise d’enfouissement de déchets ultimes dans des anciennes galeries des Mines de potasse d’Alsace (MDPA), a été créée à la fin des années 1990 avec l’aval de l’État. À l’époque, le projet était présenté comme sans danger, permettant même de créer des emplois.

Entre 1999 et 2002, 44 000 tonnes de déchets non recyclables et hautement toxiques, comprenant de l’arsenic, du cyanure, du mercure ou encore de l’amiante, y ont été stockés à 600 mètres de profondeur.

Dès 2002, un incendie se déclenchait au fond et mit deux mois à être maîtrisé. Des travailleurs furent intoxiqués. Stocamine a été condamné pour n’avoir pas contrôlé le contenu des lots de déchets qui ont provoqué l’incendie et pour violation des règles de sécurité.

Depuis lors, l’incertitude règne concernant l’avenir du site. Car en plus les galeries de stockage des déchets se trouvent à proximité de la nappe phréatique d’Alsace, la plus grande nappe d’Europe. Que se passera-t-il si elle est polluée par les déchets ?

En 2014, l’État a décidé d’extraire des galeries près de 2 300 tonnes de déchets contenant du mercure. En 2018, un rapport d’information parlementaire recommandait la solution du déstockage des 42 000 tonnes de déchets restants. Revenant sur le bilan de Stocamine, ce rapport parlait d’un « cas d’école de toutes les erreurs à ne pas commettre » et de « risque considérable pour l’environnement ».

L’État a décidé de ne pas suivre ces recommandations. Il se justifie par ces perles : « Compte tenu des enjeux, de la balance des risques » et du surcoût lié au déstockage, « la solution la plus adaptée demeure la poursuite du chantier de confinement des déchets restants, sans déstockage supplémentaire ». Cette décision a soulevé l’indignation des habitants, associations et élus locaux, qui mettent en avant la faisabilité du projet d’extraction des déchets. En plein grand débat, ils pointent du doigt l’hypocrisie du gouvernement, qui prend ces décisions de manière unilatérale.

Cette affaire est scandaleuse depuis le début. L’État a confié à une entreprise privée avide de profits l’enfouissement de déchets hautement toxiques, sans aucun contrôle et sans réflexion à long terme sur les risques pour les salariés, les habitants et l’environnement. La collectivité a été chargée de financer les différents travaux (coût estimé à 146 millions d’euros depuis 2009), la population n’a jamais son mot à dire, alors qu’elle paie la facture.

L’affaire Stocamine illustre encore l’irresponsabilité généralisée du système capitaliste.

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