Leur société

Migrants : entre deux campements

Mardi 29 janvier, le camp de migrants situé sous le périphérique parisien à la hauteur de la porte de la Chapelle a été évacué par la police.

L’opération s’est faite en présence d’élus et de représentants d’associations d’aide aux réfugiés dans le cadre des opérations de mise à l’abri organisées par la préfecture.

Trois cents personnes sur le millier que comptait le camp, selon les associations, ont été emmenées vers des gymnases et des hébergements d’urgence. C’est la troisième évacuation après celle de la porte de Clignancourt le 22 janvier et une autre, à La Plaine Saint-Denis, le 25 janvier, qui a démantelé un campement de cinq cents personnes.

Beaucoup acceptent, pour fuir le froid, la saleté, les trafiquants et toute la violence de la rue. Mais d’autres refusent par peur de se voir fichés, renvoyés vers le pays par lequel ils sont entrés en Europe et qui peut les expulser. La mise à l’abri se double en effet d’un examen de leur situation sanitaire mais aussi administrative, ce qui peut se retourner contre eux. « Moi, j’ai mes empreintes en Suède, a déclaré un des réfractaires à l’évacuation, et si je suis en Suède, ils peuvent me renvoyer en Afghanistan. Je préfère dormir dehors, même s’il fait froid. » Un autre a refusé d’être renvoyé en Italie où le gouvernement n’accueille pas les migrants à bras ouverts.

Mais on ne peut pas dire que les autorités françaises soient plus accueillantes. La mise à l’abri, c’est le minimum vital. Mais c’est temporaire, parfois seulement pour quelques nuits, dans des lieux inadaptés quand il s’agit de gymnases, dont souvent les utilisateurs habituels manifestent leur réticence, voire une hostilité facilement exploitée par des politiciens de droite comme récemment dans le seizième arrondissement.

De toute façon, il manque des lieux d’hébergement, puisque 1 200 places seraient prévues pour plus de 2 000 migrants installés au nord de Paris.

Il ne leur reste plus qu’à retrouver la rue, des campements insalubres, régulièrement détruits par le gouvernement d’un pays riche où, comme le dit un des Médecins du monde « l’inacceptable se banalise ».

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