Dans le monde

Impôts des sociétés : hold-up mondial

D’après l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’impôt sur le bénéfice des sociétés a baissé dans le monde entier entre 2000 et 2018, passant en moyenne de 28,6 % des profits à 21,4 %.

Ces baisses d’impôt, qui bénéficient principalement aux grandes entreprises et aux gros actionnaires, ont été décidées par tous les gouvernements, quelle que soit leur étiquette politique. Ainsi aux États-Unis Trump l’a fait descendre brutalement de 35 % à 21 %, arrivant finalement au même taux que le Portugal, dirigé depuis trois ans par un gouvernement socialiste soutenu par le Parti communiste. En Hongrie, le taux est tombé à 9 % depuis 2017 avec le Premier ministre d’extrême droite, Orban, et en Grèce le gouvernement dirigé par Tsipras a annoncé qu’il allait le baisser de 29 % à 25 % d’ici 2022.

La France a bien sûr connu la même évolution. Ce sont même les dirigeants de gauche qui ont été les principaux responsables de la baisse de l’impôt sur les sociétés (IS). De 50 % dans les années 1970 sous le gouvernement de droite de Giscard d’Estaing, il est passé au cours des deux septennats du président socialiste Mitterrand au taux de 33,3 %, encore en vigueur en 2018. Plus pour longtemps, car Macron a programmé de le ramener à 25 % d’ici 2022.

Il ne s’agit que du taux officiel de cet impôt. En réalité, de nombreux patrons paient beaucoup moins, notamment grâce à la multitude de niches et d’exonérations fiscales qui, d’année en année, s’ajoutent les unes aux autres. Ainsi les entreprises du CAC 40 ne versent à l’État en moyenne que 8 % de leurs profits et elles ont payé en 2018 beaucoup moins d’impôts qu’en 2010, alors que leurs bénéfices ont augmenté.

Alors même que les États baissaient l’impôt sur les bénéfices, d’après l’ONG Oxfam, ils ont augmenté les impôts touchant le plus les classes populaires, comme la TVA, les taxes sur les salaires et les carburants. L’État a certes toujours fait payer les pauvres pour multiplier les cadeaux au grand patronat, mais aujourd’hui, alors que le capitalisme s’enfonce dans la crise, le grand patronat dépend d’autant plus de l’intervention de l’État pour continuer à faire du profit.

L’État s’apparente ainsi à une pompe à aspirer les richesses créées par les travailleurs pour les reverser dans les poches des capitalistes.

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