Dans les entreprises

Usine Arc – Pas-de-Calais : la mobilisation fait reculer la direction

Vendredi 18 janvier, après plusieurs débrayages de centaines de travailleurs, plus de 1 200 salariés se sont retrouvés devant les bureaux de la direction où se tenait une réunion avec les syndicats.

Leader mondial des arts de la table, Arc est un groupe international qui possède un important site de production en France, dans la ville d’Arques, dans le Pas-de-Calais. Plus de 3 500 ouvriers et employés y travaillent, sur un effectif total de 5 600 salariés.

Avant les vacances de Noël 2018, la direction avait laissé filtrer des informations annonçant que lors du comité d’entreprise extraordinaire du jeudi 10 janvier elle allait prendre des mesures d’allongement du temps de travail. Le chantage grossier qu’elle voulait utiliser était que l’entreprise devait dégager deux fois plus de résultats, faute de quoi la pérennité du site n’était plus assurée.

Deux débrayages organisés par les syndicats Sud et FO avaient déjà rassemblé, les 24 et 31 décembre, 200 et 100 travailleurs soutenus par des gilets jaunes. Exprimant leur mécontentement face aux attaques qui durent depuis des années, les ouvriers ont affirmé qu’ils avaient fait assez de sacrifices et refusaient de travailler plus.

De plus, deux nuits avant le CE, la quasi-totalité des ouvriers de nuit avaient lancé un avertissement à la direction en travaillant tous revêtus d’un gilet jaune.

Pourtant le jeudi 10 janvier, au CE extraordinaire, la direction annonçait un plan d’attaques : 20 jours de travail supplémentaires par an pour les ouvriers travaillant en 5x8, et de onze à quinze jours de RTT supprimés pour les salariés travaillant de jour ou en 2x8 et 3x8. L’annonce a été prise comme une provocation par les travailleurs, dont les conditions de travail sont de plus en plus difficiles et les salaires très bas.

Mardi 15 janvier au matin, alors que se tenait la première réunion entre la direction et les syndicats autour du plan de la direction, des travailleurs se réunissaient spontanément dans les secteurs, débrayaient et se rassemblaient devant l’usine. Les débrayages spontanés se sont poursuivis, soutenus par Sud et FO. L’équipe de mardi après-midi est elle aussi sortie devant l’usine et a été rejointe par l’équipe de nuit à 21 heures.

Mercredi 16, des débrayages ont été encore largement suivis : selon la direction, jusqu’à 75 % du personnel. Et mercredi soir, à 22 heures, plus de 120 ouvriers sont sortis de l’usine en rangs serrés, en scandant « Tous ensemble ». Ils ont été accueillis par les applaudissements de leurs camarades qui étaient groupés devant l’usine depuis 20 heures.

Vendredi 18 janvier, beaucoup de machines étaient à l’arrêt tant la mobilisation a été importante. À l’appel de tous les syndicats, plus de 1 200 travailleurs se sont réunis sous les fenêtres des bureaux des dirigeants. Les travailleurs étaient fiers d’être aussi nombreux. Très vite, le directeur est sorti pour annoncer le retrait des attaques sur le temps de travail.

Le directeur général continue cependant à faire peser des menaces sur les salaires et les emplois. Il a évoqué la nécessité de trouver des solutions pour réduire de neuf millions d’euros la masse des salaires, menaçant de ne pouvoir payer les salaires de mars. Toujours le chantage !

Il a invité les syndicats à l’aider à trouver des solutions. Les travailleurs présents ont, eux, affirmé qu’ils ne feraient aucun sacrifice supplémentaire, car ce sont les actionnaires, dont la famille Durand, qui se sont enrichis sur leur travail : « Ils disent qu’il faut trouver neuf millions ? Aux actionnaires de payer ! »

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