Sequana : encore 900 emplois menacés09/01/20192019Journal/medias/journalnumero/images/2019/01/2632.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Sequana : encore 900 emplois menacés

Le groupe papetier Sequana a placé en redressement judiciaire deux divisions de sa filiale Arjowiggins, suite à l’échec de leur vente. Le plan concerne trois entreprises spécialisées dans la fabrication de papiers recyclés et papiers fins haut de gamme, et 906 salariés. Deux sont situées dans la Sarthe à Bresse-sur-Bray et Le Bourray, fondées en 1824 et 1848. Une autre plus récente est à Château-Thierry dans l’Aisne.

Le groupe explique ses difficultés par une hausse spectaculaire du prix de la pâte à papier. Celle-ci a été de 37 % en un an. Cette hausse viendrait de la réduction du nombre d’usines de fabrication, alors que la demande existe toujours. Avant 2007, les fabricants avaient expliqué que le développement d’Internet réduisait la demande de papier, provoquant une chute des cours de la pâte à papier, pour fermer des unités. Le groupe Sequana est aussi empêtré dans un procès aux États-Unis pour pollution d’un fleuve du fait des activités passées d’une usine qu’il a rachetée et dont il a essayé de se débarrasser à moindre coût.

Mais depuis 2012, Sequana s’est recentré sur la distribution de la papeterie en créant une filiale, Antalis, qui est aujourd’hui numéro un en Europe. Le groupe a déjà fermé des unités de production au Royaume-Uni, au Danemark et en Argentine en 2012 puis en 2015 en France, dans le Nord et en Isère, sans compter les cessions d’entreprises à d’autres groupes. Pendant le même temps, Antalis s’est fortement développé en rachetant de nombreux distributeurs.

La Banque d’État Bpifrance, créée par le gouvernement Hollande pour venir en aide aux entreprises ayant du mal à se financer suite à la crise de 2008, est devenue depuis plusieurs années actionnaire principal du groupe avec plus de 15 % des actions. Sa politique est fortement contestée par une association d’actionnaires minoritaires. Ces derniers dénoncent aussi bien le salaire du PDG, indécent pour une entreprise en difficulté, que le taux d’intérêt usuraire de plus de 12 % des prêts accordés par Bpifrance. Ils expliquent aussi que les titres d’Antalis sont possédés par Bpifrance parce que ces prêts sont gagés sur cette filiale florissante du groupe.

Bien sûr tout cela les inquiète en tant qu’actionnaires, mais pour les travailleurs dont l’emploi est menacé, ces différends entre les actionnaires permettent d’en savoir plus sur le rôle de l’État au travers de Bpifrance et sur les choix du groupe. De quoi les convaincre qu’il n’y a pas de raison qu’ils fassent les frais de ces stratégies et magouilles d’un groupe qui fait quand même toujours près de trois milliards de chiffre d’affaires.

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