Dans le monde

Israël : menaces contre les Africains demandeurs d’asile

Il s’est heureusement trouvé un juge israélien pour s’opposer à l’expulsion par la force, décidée pour le 5 janvier, de ceux des quelques centaines de Congolais demandeurs d’asile en Israël qui n’auraient pas fait leurs valises d’eux-mêmes avant cette date.

Depuis octobre dernier, le gouvernement israélien avait retiré aux ressortissants de la République démocratique du Congo (RDC) leur autorisation provisoire de séjour, au motif qu’il n’y aurait « aujourd’hui plus d’obstacles à leur expatriation ». Six ONG ont protesté contre le renvoi de ceux qui vivent en Israël depuis près de vingt ans, y travaillent, y envoient leurs enfants à l’école et parlent hébreu. Le jugement rendu contre leur expulsion invoque, aux termes de la loi, la situation instable de la RDC après l’élection présidentielle, potentiellement dangereuse pour ceux qui avaient fui le pays pour des raisons politiques.

Rien n’est en aucune façon réglé pour les demandeurs d’asile d’origine congolaise. Rien n’est réglé non plus pour les dizaines de milliers d’Africains venus du Soudan, du Sud-Soudan et d’Érythrée, ayant fui la guerre en passant par le Sinaï, avant qu’une clôture de « sécurité » y soit érigée. Seuls les ressortissants de ces pays, outre ceux de RDC, ont pu bénéficier du statut de protection temporaire qu’Israël accordait du bout des lèvres.

Faire une demande d’asile auprès du ministère de l’Intérieur est mission impossible, malgré le droit officiellement affiché concernant les pays en guerre. En neuf ans, sur 11 000 demandes, seules 52 ont reçu une réponse positive et le statut de réfugié. Un rapport d’ONG note que « les entretiens durent de longues heures en se concentrant sur des questions mineures et des détails insignifiants ou marginaux dont le migrant n’est pas sûr de se souvenir ». La politique antimigratoire du Premier ministre Netanyahou et de la coalition nationaliste au pouvoir désigne comme boucs émissaires de la crise ceux qui sont désignés comme « infiltrés », les immigrés d’origine africaine parqués dans les quartiers pauvres de Tel Aviv.

À la politique discriminatoire infligée aux Arabes israéliens et aux Palestiniens des Territoires occupés et de Gaza, le pouvoir israélien ajoute une politique qui spécule sur les réflexes nationalistes, voire racistes, présents dans la population. Netanyahou compte d’ailleurs sur cela pour décrocher une victoire pour lui-même et son parti le Likoud aux élections anticipées programmées en avril prochain.

La politique odieuse de Netanyahou vise aussi à détourner l’attention des enquêtes pour corruption qui le suivent de très près. Mais, encore une fois, un gouvernement israélien montre qu’entre la politique de guerre permanente aux Palestiniens et le racisme pur et simple, il n’y a qu’un pas.

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