Hôtel Park-Hyatt : victoire après 87 jours de grève26/12/20182018Journal/medias/journalarticle/images/2018/12/P11_Fin_de_greve_Hyatt_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôtel Park-Hyatt : victoire après 87 jours de grève

Vendredi 21 décembre, suite aux reculs des directions du palace Hyatt et de son sous-traitant STN, les grévistes de l’hôtel ont voté la reprise du travail, après près de trois mois de grève.

Illustration - victoire après 87 jours de grève

Le groupe Hyatt, société hôtelière mondiale basée à Chicago, possède 667 établissements dans 54 pays, avec plus de 100 000 salariés. Il prétend être « une grande famille soucieuse de prendre soin des gens pour qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes ».

Au palace Hyatt-Vendôme, le seul de la place parisienne à avoir recours à la sous-traitance, les clients paient de 1 000 à 15 000 euros la nuitée, mais les salaires des travailleurs sont les plus bas des palaces parisiens. Une expertise demandée par les délégués syndicaux démontre pourtant que ce palace est le plus rentable.

Au début de la grève, les salariés de STN exigeaient leur intégration au sein du personnel de l’hôtel et les salariés de Hyatt une augmentation de trois euros de l’heure. Les deux directions de combat n’ont pas hésité à faire intervenir à plusieurs reprises vigiles et policiers contre le piquet de grève qui se tenait en permanence devant la porte d’entrée de l’hôtel. Elles menaçaient les grévistes de poursuites judiciaires pour nuisances sonores, en s’appuyant sur le comité Vendôme constitué des grands bijoutiers du quartier. Malgré ces pressions multiples, les travailleurs n’ont pas cédé.

Face à leur détermination, la direction de Hyatt a avancé la dernière séance de négociation pour sortir du conflit avant Noël. Elle oppose toujours un non catégorique à la revendication d’intégration du personnel sous-traitant, mais la société STN a inscrit dans les contrats de travail les acquis obtenus de haute lutte les années précédentes, en particulier les salaires, le remboursement de la carte navigo, etc. Si Hyatt change de sous-traitant, ce dernier n’aura pas le droit de revenir sur ces conditions.

D’autre part, la direction de Hyatt a dû accepter l’élection de 13 délégués de proximité de l’entreprise sous-traitante, que les ordonnances Macron laissaient au bon vouloir des directions d’entreprise.

Pour les salariés de l’hôtel, la direction s’est engagée à relever les salaires sur la grille de rémunération la plus avantageuse de l’hôtel Hyatt Étoile. Selon les catégories, les salaires peuvent être supérieurs de 19 à 280 euros.

Autre petite victoire : la gouvernante générale, dont le départ avait été demandé en raison de son harcèlement du personnel, prendra un congé inhabituel la semaine de la reprise du travail.

Les salariés ont tissé des liens très forts dans cette lutte et ont su se faire respecter. Ils voient d’ailleurs comme un effet collatéral de leur mouvement la victoire des 80 femmes de chambre d’un palace proche, le Bristol, qui, en brandissant une simple menace de grève, ont obtenu une augmentation mensuelle de 150 euros.

Quand, à l’issue de la dernière séance de négociation, la clameur « On a gagné » a résonné sur les trottoirs de la rue de la Paix, tous les bijoutiers du quartier sont soudainement sortis sur leur pas de porte. Ils étaient soulagés, car le commerce pouvait enfin reprendre ses droits, leurs clients pouvaient revenir acheter leurs cadeaux à plusieurs dizaines de milliers d’euros, sans être gênés par ces salariés bruyants. Mais ceux-ci ont fait éclater leur joie de s’être fait respecter par leur patron et aussi par tout ce beau linge qui peuple la rue de la Paix.

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