À Marseille, apprentissage à coups de matraque19/12/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/12/2629.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

À Marseille, apprentissage à coups de matraque

À Marseille, les lycéens, qui ont eux aussi manifesté à plusieurs reprises, se sont heurtés à une réaction très violente de la police et de la justice. Des jeunes ont été condamnés à trois mois de prison avec sursis pour jets de pierres.

Le mouvement a débuté la semaine du 3 décembre dans les lycées populaires, où les jeunes sont bien conscients des difficultés que vivent leurs parents, et qui leur sont promises en guise d’avenir. Mardi 4 décembre, devant l’inspection académique, après avoir inondé le quartier de grenades lacrymogènes, les policiers chargeaient brutalement un rassemblement de lycéens, s’acharnant sur certains, au point que des femmes présentes les ont pris à partie : « Mais arrêtez ! Vous allez les tuer ! »

Au début, ce sont surtout les lycéens des filières professionnelles qui se sont lancés. Certains lycées ont été bloqués quelques jours, d’autres fermés par le proviseur. Celui du lycée Thiers, rebaptisé lycée de La Commune par les manifestants, a menacé les lycéens de sanctions disciplinaires. Puis le mouvement a gagné d’autres lycées. Deux mille jeunes ont manifesté jeudi 6 décembre, accompagnés de quelques dizaines de professeurs et du service d’ordre de la CGT venu les protéger. Là, c’est sur l’Esplanade entre la faculté et la gare Saint-Charles que la police est intervenue violemment contre les lycéens et les étudiants rassemblés.

Les forces de répression ont utilisé des grenades lacrymogènes, mais aussi des flashball. Elles se sont justifiées en prétextant que des jeunes avaient brûlé des poubelles, y avaient lancé des aérosols qui explosaient, qu’ils jetaient des pierres. Mais le nombre de policiers déployés et leurs agressions étaient totalement disproportionnés. Bien des lycéens ont appris durant cette semaine une rude leçon sur la nature fondamentale de l’État, « une bande d’hommes armés ». Certains d’entre eux y ont aussi pris l’habitude de se réunir en assemblée générale pour décider des blocages de lycées et de l’organisation d’un service d’ordre pour se protéger.

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