Églises évangéliques : au service du dieu capital19/12/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/12/2629.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Églises évangéliques : au service du dieu capital

Deux campagnes électorales viennent de mettre sur le devant de la scène le poids politique croissant des églises évangéliques. Elles ont contribué à l’élection de l’ex-militaire Bolsonaro à la tête du Brésil. Aux États-Unis, la partie de l’électorat qui vote en fonction de ses convictions religieuses, parmi laquelle les évangélistes sont les plus dynamiques, a grandement aidé il y a deux ans à la victoire du milliardaire réactionnaire Trump et à ce que le Parti républicain limite sa récente défaite électorale début novembre.

Sur fond d’une religiosité venant du passé, et dont la période actuelle voit une résurgence, ces églises chrétiennes évangéliques concurrencent les autres croyances et structures religieuses. C’est à l’église catholique, avec laquelle elles partagent un même fond de balivernes chrétiennes, qu’elles ont pris le plus de parts de marché dans ces dernières décennies, tout en étant concurrentes entre elles.

Leur influence s’est accrue ces dernières années d’autant plus que les États restreignent l’accès à la santé ou à l’éducation des familles de travailleurs en détruisant les services publics. Les églises évangéliques accroissent souvent leur influence en proposant des ersatz de services sociaux à leurs fidèles. Dans des pays très pauvres comme par exemple Haïti, ou appauvris comme ceux de l’ex-URSS, elles peuvent représenter une bouée de sauvetage.

Même dans les pays développés, comme la France, le recul de la conscience de classe fait que dans certains milieux populaires ces sectes apparaissent comme des communautés où l’on peut se serrer les coudes et s’entraider dans un monde que l’exploitation capitaliste rend de plus en plus inhumain, individualiste, raciste... Elles entretiennent aussi l’espoir que chacun peut réussir dans la vie s’il prie et y met suffisamment du sien. Ce qui, la religion en moins, est la morale bourgeoise traditionnelle.

En France on compte 650 000 adeptes des églises évangéliques, soit un tiers des protestants. Ce nombre est en croissance. Il s’en ouvrirait une tous les dix jours et elles sont aujourd’hui au nombre de 2 500.

Au Brésil, ce mouvement en forte croissance est en passe de détrôner le catholicisme comme premier mouvement religieux du pays. Il a déjà une influence politique certaine et est courtisé non seulement par les politiciens réactionnaires comme Bolsonaro, mais aussi par la gauche. Ainsi, Marcelo Crivella, évêque de l’Église universelle, a été ministre de la Pêche de Dilma Rousseff, tout en diffusant ses idées homophobes, créationnistes et antiavortement. Il a ensuite tourné le dos au Parti des travailleurs au moment de sa chute, est devenu maire de Rio de Janeiro et soutien de Bolsonaro.

C’est aux États-Unis que les églises évangéliques ont tout d’abord pris leur essor. Outre les dons de leurs millions de fidèles, ces églises sont financées par de riches bourgeois autant pour des raisons religieuses que politiques, sans oublier les déductions fiscales qu’elles permettent. Les plus riches possèdent ainsi des chaînes de télévision et diffusent leur propagande à grande échelle, en même temps qu’elles assurent un train de vie luxueux à leurs dignitaires.

Aux États-Unis un courant politique, la majorité morale, alliance d’églises évangéliques, protestantes traditionnelles et catholiques a été fondé en 1979. Un de ses porte-parole, Jerry Falwell, décédé en 2007, a exprimé pendant des décennies à la télévision ses positions réactionnaires. Il a été un avocat de la guerre du Vietnam à outrance, partisan de la ségrégation raciale, hostile à l’avortement, aux homosexuels. Il a osé prétendre que « les athées, les partisans de l’avortement, les féministes, les homosexuels et les défenseurs des droits civiques » avaient une responsabilité dans les très meurtrières attaques terroristes du 11 septembre 2001.

Ce courant est également antiouvrier, Falwell déclarant que « les syndicats devraient étudier la bible plutôt que de revendiquer des augmentations de salaire ». Sans surprise son fils, qui a repris la direction de l’université religieuse Liberty University, soutient Trump qui n’est pourtant pas un paroissien modèle… mais avec lequel les dignitaires évangélistes partagent leurs valeurs fondamentales : la défense des injustices et des inégalités de la société capitaliste.

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