Dans le monde

Israël-Palestine : état de guerre permanent

L’armée israélienne a déclenché le 4 décembre une opération militaire, baptisée Bouclier du Nord, à la frontière avec le Liban. Son objectif se limiterait à la destruction de tunnels creusés par le Hezbollah entre les deux pays, mais certains dirigeants israéliens ont été jusqu’à évoquer la possibilité d’une nouvelle incursion de leurs troupes au Liban.

La Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), présente en permanence à la frontière israélo-libanaise, a confirmé l’existence de tunnels mais ceux-ci, de l’aveu même du porte-parole de l’armée israélienne, ne sont pas encore opérationnels et ne constituent donc pas encore une menace.

Ce sont très certainement des raisons de politique intérieure qui expliquent l’attitude actuelle du gouvernement israélien. Depuis deux semaines, son Premier ministre, le dirigeant de droite Benjamin Netanyahou, est sous les feux des critiques de la droite nationaliste, qui lui reproche d’avoir conclu une trêve avec le Hamas pour éviter une nouvelle guerre dans la bande de Gaza. L’un des représentants de ce courant, Avigdor Lieberman, a démissionné avec fracas de son poste de ministre de la Défense, accusant Netanyahou de « capitulation devant le terrorisme ». Du fait de cette défection, le gouvernement ne dispose plus que d’une voix de majorité à la Knesset, le Parlement israélien. Apparaissant plus isolé que jamais, le Premier ministre se retrouve à cumuler le ministère de la Défense avec ceux des Affaires étrangères et de la Santé.

Tout le monde s’attend donc à des élections anticipées et dans un tel contexte, pour regagner une crédibilité vis-à-vis de l’électorat le plus à droite, Netanyahou est incité à se lancer dans une surenchère sécuritaire. D’autant que son crédit est aussi entamé par plusieurs scandales de corruption, la police ayant recommandé son inculpation à plusieurs reprises, une première fois en février et dernièrement encore, dans un autre dossier, le 2 décembre. Jusqu’où cela peut-il conduire ­Netanyahou ? En tout cas, ce ne serait pas la première fois qu’un dirigeant israélien lancerait des opérations militaires avec comme seul véritable objectif de remporter des élections.

La suite des événements dépendra aussi de la réponse du Hezbollah. Mais, quoi qu’il advienne finalement à la frontière du Liban, l’armée israélienne continue de mener une sale guerre, permanente celle-là, contre les populations palestiniennes. Ainsi, à la suite d’un attentat ayant fait sept blessés près de la colonie de peuplement israélienne d’Ofra, en Cisjordanie, elle est intervenue le 10 décembre à Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne, investissant en plein jour les bureaux de l’agence de presse palestinienne Wafa, saisissant des enregistrements et installant des points de contrôle pour limiter les entrées et sorties de la ville. Dans tout le nord de la Cisjordanie, elle s’est livrée à une chasse à l’homme aboutissant à vingt arrestations.

Cette guerre-là ne connaît aucun répit et ne cesse de faire des victimes, principalement du côté palestinien, mais aussi du côté israélien. C’est la conséquence de la politique de spoliation et de répression des Palestiniens que mènent Netanyahou et tous ceux qui l’ont précédé depuis la création d’Israël.

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