Fountaine-Pajot – La Rochelle : course au rendement et accidents du travail12/12/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/12/2628.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Fountaine-Pajot – La Rochelle : course au rendement et accidents du travail

L’entreprise Fountaine-Pajot emploie près de 700 travailleurs (dont 200 intérimaires) sur deux sites. Celui de La Rochelle en Charente-Maritime produit de gros catamarans de luxe, pouvant coûter plusieurs millions d’euros, et celui d’Aigrefeuille-d’Aunis, à 25 kilomètres, de plus petits bateaux.

Le fondateur et principal actionnaire de cette entreprise est Jean-François Fountaine, maire de La Rochelle, passé de la course au large avec le navigateur Yves Pajot à la course au profit. Cette politique est payée cher par les travailleurs.

Les ventes de bateaux de luxe se portent mieux que jamais, comme en témoigne la hausse de 50 % sur un an des profits de Fountaine-Pajot, à 12 millions d’euros en 2017, soit près de 18 000 euros par salarié. Fountaine-Pajot a aussi pu acheter en avril 2018, pour 23 millions d’euros, le constructeur ­Dufour-yachts, basé aussi à La Rochelle, numéro 2 du monocoque. Les commandes affluent, et la direction, qui affiche son intention de recruter 140 personnes, se lamente de la difficulté à embaucher malgré les stages de formation subventionnés par le conseil régional. Il faut dire que les salaires qu’elle propose sont proches du smic.

Mais la bonne santé du carnet de commandes ne fait pas celle des travailleurs. Car pour sortir la production coûte que coûte, la direction aggrave l’exploitation. Le site de La Rochelle est passé aux horaires en 2x8 sur une des lignes de production en septembre 2018, comme c’est le cas depuis longtemps sur le site d’Aigrefeuille. Les pressions s’intensifient, ce qui se traduit par une augmentation phénoménale des accidents de travail. D’après le recensement de l’inspection du travail, leur nombre s’élève à 140 depuis le début de l’année 2018 : coupures parfois profondes, chutes, chevilles cassées, mains écrasées ou lombalgies. S’y ajoutent les risques de maladies professionnelles du fait des vapeurs de solvants toxiques.

Les chefs rejettent la responsabilité des accidents sur les salariés eux-mêmes, prétendant qu’ils laisseraient traîner du matériel. Mais l’unique responsable est la politique de productivité de la direction. Quant aux chutes, les vieux échafaudages branlants sur lesquels il faut travailler nécessitent d’avoir le pied marin même hors des bateaux.

La direction, qui vient de recruter une nouvelle DRH, issue de PSA et spécialiste du lean management, autrement dit la gestion à flux tendu, se prépare à aggraver encore sa course à la productivité. Le recours aux heures supplémentaires ou le travail obligatoire le samedi sont envisagés à partir de janvier 2019. Mais c’est sans compter sur les réactions des travailleurs. Un appel de la CGT à la grève pour les samedis de janvier circule déjà.

Les travailleurs ont toutes les raisons de s’opposer à une nouvelle attaque contre leurs conditions de vie. Les 23 millions qui ont permis à Fountaine d’acheter Dufour viennent de leur travail. Les bénéfices doivent être employés à augmenter les salaires pour que les travailleurs n’aient pas besoin de s’esquinter la santé à travailler plus.

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