Belgique : le gouvernement dans la tourmente12/12/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/12/2628.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique : le gouvernement dans la tourmente

Charles Michel, le Premier ministre du gouvernement fédéral belge, s’est rendu à la conférence de Marrakech pour signer le pacte mondial pour les migrations.

Cet accord entre États, sous la houlette de l’ONU, n’apporte rien à l’immense majorité des réfugiés des guerres et de la misère, et il n’est pas contraignant. Mais la NV-A, le principal parti nationaliste flamand, s’est emparée de ce prétexte pour quitter le gouvernement fédéral et tenter de reconquérir les voix qu’elle est en train de perdre au profit du Vlaams Belang, un parti d’extrême droite aux origines pronazies. La coalition restante des libéraux et sociaux-chrétiens n’ayant plus de majorité, une nouvelle crise gouvernementale risque de s’ouvrir en Belgique.

Le gouvernement fédéral a perdu bien du poids par rapport aux gouvernements régionaux, l’un flamand, l’autre wallon, et un peu celui de Bruxelles, qui détiennent les principaux budgets et leviers de commande du pays.

Cependant le grand patronat ne tient pas à ce qu’une nouvelle crise institutionnelle s’installe dans le pays alors que de nouvelles élections sont de toute façon programmées pour le 26 mai prochain.

En effet d’autres soucis sont apparus. D’abord, le succès électoral du Parti du travail de Belgique (PTB) lors des dernières élections communales en octobre fait craindre que ce parti aux origines maoïstes ne gagne une forte audience en Wallonie, ne fasse élire une dizaine de députés au lieu de deux, et ne concurrence le Parti socialiste qui domine la politique wallonne.

D’autre part, en Wallonie, l’extrême droite n’a pas de grand parti électoral mais est bien présente au travers de plusieurs petites formations. Et en Flandre, la surenchère xénophobe de la NV-A a encouragé des groupes d’extrême droite et néonazis à appeler à une Marche contre Marrakech à Bruxelles dimanche 16 décembre, près d’un parc où campent de nombreux réfugiés. Ils appellent à l’occasion les « fortes têtes » des gilets jaunes wallons à se joindre à cette manifestation xénophobe et raciste.

Mais c’est sans doute ce mouvement récent des gilets jaunes en Wallonie qui inquiète le plus les gouvernements belges et le patronat. Dans la foulée du mouvement de protestation contre la hausse des taxes en France, s’est développé un mouvement en tous points semblable en Wallonie… du fait que les gouvernements belges mènent la même politique pour les riches qu’en France, et que la misère s’est répandue en Belgique, et surtout en Wallonie abandonnée par l’industrie, au même rythme que le chômage. Ce mouvement est plus faible qu’en France, mais tous les ingrédients sont là pour qu’il se développe.

Ce n’est pas un hasard si la FGTB, le syndicat proche du Parti socialiste et puissant en Wallonie, et la CSC (Confédération des syndicats chrétiens) appellent à une journée de grève et de manifestation en Wallonie le 14 décembre, le même jour qu’en France. L’appareil syndical FGTB a bien ressenti la pression des travailleurs pour l’augmentation des salaires, et met en avant un salaire minimum de 1 670 euros par mois après impôts et charges, et la pension à 1 500 euros.

Alors, quelles que soient les manœuvres de l’extrême droite, c’est d’abord un mouvement de contestation sociale qui a peut-être pris le départ, ouvert par les gilets jaunes. Et c’est bien ce qui est souhaitable.

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