Procès du fioul lourd à Marseille : la croisière se rit-elle des tribunaux ?28/11/20182018Journal/medias/journalarticle/images/2018/11/P16_Marseille-08092018-056.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

Leur société

Procès du fioul lourd à Marseille : la croisière se rit-elle des tribunaux ?

Une première à Marseille : le capitaine du navire de croisière, l’Azura, et sa compagnie ont été condamnés à 100 000 euros d’amende par le tribunal correctionnel de Marseille pour l’utilisation frauduleuse d’un fioul particulièrement riche en soufre et responsable d’une importante pollution.

Illustration - la croisière se rit-elle des tribunaux ?

À Marseille, la nuit, les quais sont brillamment illuminés par deux, trois, voire quatre immenses navires de croisière transportant plusieurs milliers de croisiéristes. Ces navires à quai font tourner des moteurs afin de fournir l’électricité nécessaire à l’éclairage, la climatisation des centaines de cabines et la sonorisation des différentes boîtes de nuit et salles de projection.

Lorsque ce fioul nécessaire à la bonne marche des moteurs a été contrôlé sur l’Azura le 29 mars 2018 à Marseille, il dépassait les normes tolérées : la loi a fixé la limite à 1,50 % de soufre et il en contenait 1,68 %. Ce fioul lourd, non ou peu raffiné, soufré, émet des vapeurs toxiques tant pour la population que pour le personnel navigant et les croisiéristes. En cause, l’oxyde de soufre et l’oxyde d’azote, qui accélèrent la formation de particules fines et ultrafines responsables de troubles respiratoires pouvant entraîner des décès.

Derrière l’image d’un transport propre, avec l’horizon infini du bleu de la mer, le transport maritime est un très important pollueur en mer et à terre. Chacun de ces monstres de la mer, navire de croisière ou porte-conteneurs géant, produirait autant de pollution qu’un million de voitures, selon France nature environnement.

L’Azura appartient au leader mondial des croisières Carnival. Ce navire peut transporter 3100 passagers, en plus des 1 250 membres de l’équipage.

Si son capitaine a reconnu avoir utilisé un carburant non conforme, les avocats de la compagnie ont prétendu qu’un navire de croisière n’était pas « un navire à service régulier » ; il n’était donc pas obligé, selon eux, d’utiliser du fioul dont la teneur en soufre ne dépasse pas les 1,50 %.

En utilisant ce fioul peu ou pas raffiné, l’Azura avait réalisé une économie de 21 600 euros sur le seul plein qu’il avait effectué à Barcelone. Ce serait au total près de deux millions d’euros annuels gagnés par la compagnie.

Les croisières sont une manne pour le commerce, la restauration de luxe des villes comme Marseille ou Bordeaux.

Ce procès est une première mais, même si l’amende de 100 000 euros ne représente que 5 % du bénéfice obtenu en utilisant ce fioul et qu’il lui reste 1 900 000 euros d’économies, la compagnie a décidé de faire appel.

Sans être devin, on peut facilement penser que les procès succéderont aux procès, avec des armées d’avocats, et que la pollution aura encore de beaux jours devant elle. Au moins, et même si cette condamnation est symbolique, elle souligne le scandale de ces gros capitalistes qui considèrent qu’ils peuvent polluer terre, mer et air en toute impunité.

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