Mécénat : des patrons généreux avec l’argent des autres28/11/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/11/2626.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Mécénat : des patrons généreux avec l’argent des autres

La Cour des comptes s’est penchée sur le mécénat d’entreprise institué en 2003. Elle y a découvert, ô surprise, une nouvelle forme de subvention étatique aux grandes fortunes.

La loi stipule que, lorsqu’une entreprise privée offre des fonds à des organismes reconnus d’utilité publique, elle peut déduire de ses impôts 60 % de la subvention. L’entreprise peut en outre recevoir l’équivalent de 25 % de son don sous forme de service gratuit.

Le manque à gagner en termes d’impôts non perçus par les caisses publiques ainsi est passé de 75 millions d’euros en 2003 à 900 millions en 2017, des milliers de possédants ayant trouvé là un filon. Même une petite entreprise peut en profiter, en envoyant un de ses salariés travailler dans une association reconnue. Le salaire correspondant à la période passée dans l’association constitue alors un don dont 60 % sont déductibles des impôts de l’entreprise.

Les grands groupes de la distribution opèrent, eux, à une tout autre échelle. Ils donnent leurs invendus, peu de temps avant la date de péremption, à des associations. Puis ils déclarent la valeur de ces dons, dont ils déduisent 60 % de leurs impôts. Carrefour, Auchan et les autres sont ainsi généreux avec l’argent des autres. Mais les véritables artistes du mécénat sont les 24 grandes entreprises qui captent la moitié des 900 millions d’euros offerts par l’État. Les champions toutes catégories dans le domaine culturel sont les duettistes du luxe Arnault et Pinault. Leurs musées personnels sont financés par les fonds publics, et sont qualifiés pour l’occasion de fondations d’utilité publique.

La gloire des milliardaireset la cote vertigineuse de leurs collections privées, voilà ce qui est ainsi honoré comme d’utilité publique.

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