Macron : la manœuvre des concertations28/11/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/11/2626.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Macron : la manœuvre des concertations

Le mépris du gouvernement, les menaces, la calomnie et la répression n’ayant pas suffi à enrayer la mobilisation des gilets jaunes, Macron tente maintenant d’éteindre leur colère en la noyant sous trois mois de concertations.

Si Macron prétend avoir entendu « les difficultés de ceux qui ont du mal à boucler les fins de mois », il n’a rien à leur proposer. Des millions de personnes n’arrivent pas à payer le plein de leurs vieilles voitures ? Macron annonce une prime à la conversion pour acheter des voitures électriques ou hybrides, inaccessibles à la majorité, prime qui fera le bonheur des constructeurs automobiles. Les salaires ou les pensions de misère obligent les gens à accepter des logements vétustes et mal isolés ? Macron propose de nouveaux cadeaux, à neuf milliards d’euros, aux professionnels du bâtiment pour changer les fenêtres, améliorer l’isolation ou changer de type de chauffage, ce qui restera hors de portée des plus mal logés.

Macron ne peut pas satisfaire les exigences de ceux qui n’arrivent plus à vivre avec des salaires ou des retraites de misère, car cela exigerait de s’en prendre aux profits des capitalistes, qui pompent toutes les richesses créées par les travailleurs. Alors il renoue avec les vieilles ficelles des gouvernements : il annonce une grande concertation de terrain autour de la transition écologique, avec des élus locaux, des responsables associatifs et syndicaux et même des représentants des gilets jaunes. Après les avoir ignorés, Macron reprend aussi à son compte les appels du pied des chefs syndicaux. Laurent Berger de la CFDT, qui a proposé ses services avant même le 17 novembre, ou Yves Verrier, le nouveau secrétaire général de FO, pour qui « le mouvement des gilets jaunes est l’échec de ceux qui n’écoutent pas les syndicats », pourront retrouver leur rôle de partenaires sociaux, autrement dit de figurants dans la comédie d’un dialogue social qui n’abuse plus personne.

En fait, les directions syndicales ont elles-mêmes affiché du mépris pour les gilets jaunes, ces travailleurs, retraités, précaires ou indépendants souvent très loin des syndicats et qui se sont mobilisés pour la première fois. Elles risquent de n’avoir aucun crédit pour canaliser leur colère. Macron veut donc associer des représentants des gilets jaunes aux discussions. Huit d’entre eux, désignés à travers les réseaux sociaux et sans que la plupart des manifestants présents sur les barrages aient été consultés, devaient être reçus, dès mardi soir 27 novembre par François de Rugy, le ministre de l’Écologie, sans qu’on sache s’ils auront un quelconque crédit auprès de la base.

Les partis de tous bords, des syndicats ou des associations diverses sont ainsi à la manœuvre pour s’autoproclamer les interlocuteurs avec le mouvement. Une chose est certaine : les travailleurs, les chômeurs, les retraités qui, en adhérant au mouvement des gilets jaunes, ont voulu dire qu’ils en ont assez et qu’ils exigent de pouvoir vivre dignement, ne doivent faire aucune confiance à de tels représentants pour parler à leur place.

Partager